À cheval sur les Alpes occidentales, les Etats de Piémont-Savoie occupent une place majeure sur l'échiquier européen tout au long de l'époque moderne. Or, rares sont les historiens français, italiens et anglophones à se pencher sur cette monarchie en dépit du récent renouveau historiographique insufflé par les Sabaudian Studies à l'initiative de l'historien américain Matthew Vester. Aucune étude approfondie sur la construction territoriale de cet Etat secondaire (puissance moyenne) n'a été menée jusqu'à présent : les recherches françaises se restreignent le plus souvent à des études locales centrées sur les questions économiques, sociales et religieuses de la « région Savoie », tandis que les historiens italiens ont produit depuis la seconde moitié du XIXe siècle de nombreux travaux cantonnés à l'histoire politique du Piémont. Quant aux Anglo-saxons, ils ont travaillé sur de trop courtes périodes pour saisir l’ensemble des mécanismes du processus d'étatisation du Piémont-Savoie. Un renouveau historiographique est nécessaire sur cette monarchie composite fragmentée par les montagnes entre les pays de « l’au-delà » (versant français) et ceux de l’ « en-deçà » (versant italien). Si cette thèse se focalise sur le Piémont, cœur politique de cette monarchie depuis 1563, la Savoie et le comté de Nice seront aussi évoqués pour surmonter l'impasse dans laquelle se trouve la plupart des études « régionales » menées jusqu'à présent. Cette étude vise à approfondir nos connaissances sur cet Etat secondaire qui a façonné les versants français et italien des Alpes. Elle amène aussi à envisager autrement l'histoire de l'Europe à travers une histoire politique et diplomatique renouvelée d’une dynastie européenne : celle de la maison de Savoie, de sa restauration en 1559 (ses États sont occupés dans le cadre des guerres d’Italie depuis 1536) à l’annexion de Nice et de la Savoie par la France révolutionnaire à l’automne-hiver 1792-1793. Il convient de partir du postulat suivant : la construction du Piémont-Savoie dans l'Europe d'entre-deux disputée entre la France et les Habsbourg est conditionnée par la politique d'une dynastie souveraine au succès parfois mitigé, ainsi que par le jeu des grandes puissances soucieux de préserver l’équilibre européen. Trois axes seront à privilégier. Le premier est l’ambitieuse politique territoriale de la maison de Savoie qui bascule d'un versant à l'autre, puis consolide et étend son Piémont peu à peu élevé au statut de puissance italienne. Ensuite, la diplomatie de cette dynastie en quête d’indépendance vise s’affirmer face à ses voisins hégémoniques (France et Empire). Enfin, il convient de s’intéresser au(x) rôle(s) que les grandes puissances (France, Empire, Espagne et Angleterre) attribuent à cet Etat d’abord considéré comme un « territoire-tampon » empêchant tout contact direct entre la France et le Milanais espagnol, puis comme un « État-barrière » empêchant la France d’entrer en Italie et un « Etat-équilibre » contrebalançant la puissance autrichienne à la tête de la moitié de la péninsule. Cette réflexion sera prolongée par un court épilogue sur le sort de cette monarchie progressivement annexée par la France révolutionnaire jusqu’à disparaitre une seconde fois en 1802. S’achève ainsi une histoire possible du Piémont-Savoie commencée deux siècles et demi plus tôt. / .
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018CERG0931 |
Date | 26 June 2018 |
Creators | Ruelle, Alexandre |
Contributors | Cergy-Pontoise, Pernot, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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