Ce travail montre l'unité de l'œuvre de Pascal dans ce qui concerne la « comparabilité des incomparables » : la comparaison, langagière ou mathématique, qui se fait entre des choses qui ne pourraient pas en principe être rapprochées. Il s'agit de faire une approche historique et linguistique pour poser des questions philosophiques par rapport à la comparaison, notamment sur le rôle de principe que l'infini y joue selon Pascal. Nous identifions la comparaison des incomparables sous trois formes.La première partie de ce travail est consacrée à formuler une forme rhétorique d'analogie que nous nommons l'« analogie de disproportion » (nous inspirant de Secretan 1998). Si l'analogie est généralement dite faire une comparaison entre deux rapports, chacun desquels existe entre des choses homogènes, l'analogie de disproportion permet en revanche de montrer une ressemblance entre des rapports d'hétérogénéité, entre des disproportions ou entre des distances infinies: deux choses sont aussi différentes entre elles que deux autres. Pascal étant un auteur qui souligne surtout les disproportions, nous montrons qu'il compare ces disproportions, notamment pour délimiter à l'homme ce qu'il ne peut pas connaître parfaitement.La deuxième partie analyse la pratique mathématique de Pascal « en poids, nombre et mesure » : il s'agit de montrer que dans la méthode des indivisibles des Lettres de A. Dettonville, dans le Traité du triangle arithmétique et dans la comparaison du courbe et du droit, toujours l'infini (ou plutôt l'indéfini) intervient comme un facteur qui permet la comparabilité de ce qui semblait être incomparable. La troisième partie fait une discussion proprement philosophique sur l'infiniment petit et l'infiniment grand, prenant en compte la pratique mathématique de Pascal analysée dans la deuxième partie. Il est question de discuter sur la nature des « indivisibles », des « différences » et des « distances infinies ». Nous proposons que l'« infini » dans la pratique mathématique de Pascal relève plutôt de l'« indéfini », reliant cela à une distinction entre le sens absolu et le sens relatif des mots. Une exception dans la pratique mathématique de Pascal est la géométrie projective, où il faut accepter des éléments à distance infinie. La « rencontre » des deux infinis, finalement, permet de montrer la réciprocité de l'infini de grandeur et de l'infini de petitesse. Une discussion est faite à ce propos, reliant la proportion inverse entre les deux infinis à la grandeur et la petitesse de l'homme et au caractère paradoxal de certaines vérités selon Pascal, lesquelles sont résolues dans la personne du Christ. On conclut que Pascal propose non pas une connaissance directe de l'infini, mais plutôt une approche à la relation que l'homme, être fini, possède avec l'infini / This thesis shows the unity of Pascal's work in what concerns the "comparability of incomparables'': the comparison, either in mathematics our natural language, between things which could not in principle be brought together. The approach is both a historical and a linguistic one, and it aims to recovery some important questions regarding the philosophical nature of comparisons, more specifically, the role of the infinite in Pascal's thought. The comparison of incomparables may be identified in three different formsIn the first part, we formulate a rhetorical form of analogy that we call an "analogy of disproportion'' (inspired by Secretan 1998). If the analogy is generally said to make a comparison between two relations, each of which exists between homogeneous things, the analogy of disproportion, on the other hand, shows a resemblance between relations of heterogeneity, between disproportions or between infinite distances: two things may be as different from each other as any two other things. Even if disproportions are a central theme to Pascal, he did not shy away of comparing such disproportions -- in particular to delimit what man cannot know perfectly.The second part analyzes the mathematical practice of Pascal "in weight, number and measure'': it is necessary to show that in the method of indivisibles of the Lettres de A. Dettonville, in the Traité du Triangle Arithmétique and in the comparison of the curved and the straight lines, always the infinite (or rather the indefinite) intervenes as a factor that allows the comparability of what would seem to be incomparable. The third part makes a philosophical discussion on the infinitely small and the infinitely large, taking into account Pascal's mathematical practice, which was analyzed in the second part. We discuss the nature of "indivisibles'', "differences'' and "infinite distances''. We suggest that the "infinite'' in Pascal's mathematical practice is rather an "indefinite'', linking it to a distinction between the absolute and the relative meaning of words. An exception in Pascal's mathematical practice is his projective geometry, where it is necessary to accept elements at an infinite distance. The "encounter'' of the two infinites makes it possible to show the reciprocity of the infinity of greatness and the infinity of smallness. Finally, we analyze the inverse proportionality between the two infinites with regard to the greatness and the wretchedness of man and to the paradoxical nature of certain truths according to Pascal, which are concealed in the person of the Christ. The conclusion is that Pascal arrives not at a direct knowledge of the infinite, but to an approach to the relation that man, a finite being, has with the infinite
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCC242 |
Date | 30 October 2017 |
Creators | Figueiredo Nobre Cortese, João |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Universidade de São Paulo (Brésil), Rabouin, David, Guimarães Oliva, Luís César |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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