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Expérience et sens du déracinement dans l’œuvre romanesque de Dostoïevski et de Bernanos / Experience and sense of rootlessness in the fiction of Dostoyevsky and Bernanos

Les romans de Dostoïevski et de Bernanos se rencontrent sur la frontière fragile de la littérature et de la métaphysique ; l’incarnation des personnages dans des espaces et des lieux que leurs cœurs troublés contaminent donne au texte son symbolisme essentiel, qui n’est ni le « paysage choisi » romantique, ni l’espace surdéterminé des réalistes. L’incarnation ne contredit pas les règles de la création romanesque, puissamment remodelées par les deux auteurs, mais les refondent dans des histoires familiales archétypales où la maison paternelle peut être le lieu d’un meurtre moral initial. Derrière les discours de personnages bavards, avides de philosophie et de psychologie (ce qui a longtemps retenu surtout l’attention de la critique), se cache la question du langage et de l’esthétique face à la vérité. Beaucoup sont des menteurs, qui ont oublié le sens du langage enraciné auquel croyait Bernanos, et les soliloqueurs de Dostoïevski se perdent dans les méandres de leurs souterrains verbaux. La question de l’esthétique est tributaire des vicissitudes d’une époque (les années 1880-1930) qui est celle du déracinement des intellectuels ; quelle est cette beauté qui « sauvera le monde » dans un univers qui n’est plus théocentré, et quelle est la légitimité du romancier à en proposer la quête, surtout si elle est spirituelle ? Malgré la présence de figures du salut qui, dans la douleur de confrontations violentes, proposent l’acceptation de l’altérité, les déracinés persistent souvent dans la voie du mensonge et préfèrent le masque démoniaque du double ou le néant de l’«à quoi bon ? » / Dostoyevsky's and Bernanos's novels meet up on the frail boundary between literature and metaphysics; the incarnation of characters in spaces and places tainted by their troubled hearts gives the text its essential symbolism, which is neither the romantic "chosen landscape" nor the realists' overdetermined space. Incarnation does not contradict the rules of fictional creation —powerfully remodeled by the two authors— but recasts them in archetypal family stories where the father's home can be the locus of an initial moral murder. Behind the words of garrulous characters, who are eager for philosophy and psychology (which long caught the critics' attention), there lies the question of language and aestheticism confronted with truth. Many of them are liars who have forgotten the meaning of the entrenched language which Bernanos cherished, and Dostoyevsky's soliloquists get lost in the rambling development of their convoluted wording. The question of aestheticism depends on the vicissitudes of a period (1880-1930) which was marked by the uprooting of intellectuals: what is this beauty which will "save the world", a world which is no longer theo-centred, and how legitimate is a novelist who proposes its quest, especially if it is a spiritual one? Despite the existence of salvation figures who, through the suffering caused by violent confrontation, propose the acceptance of otherness, the uprooted characters often choose to lie persistently and prefer the demonic mask of duality or the nothingness of the "a quoi bon", an expression of absolute indifference and disillusionment.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA040045
Date25 January 2011
CreatorsPinot, Anne
ContributorsParis 4, Backès, Jean-Louis
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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