Ce mémoire se propose de réfléchir sur le déplacement des modalités de l'action et de la parole dans les dramaturgies contemporaines. En effet, en réponse à la crise du récit et du sens qui caractérise l'ère moderne, il apparaît que s'ouvrent de nouveaux territoires pour le dialogue théâtral et que la fable ne s'articule plus uniquement autour d'une action à accomplir. Aussi, le travail de certains écrivains semble s'inspirer d'une certaine poésie où les propriétés sonores du langage constitueraient la voie vers un autre drame. Ainsi, par l'étude du rythme et de la sonorité, nous cherchons à rendre compte du pouvoir du langage et de son rôle dans la réinvention du drame. En envisageant le texte comme une matière sonore et le corps comme un lieu de sensation, nous souhaitons témoigner du passage d'une action dramatisante à une action sensorielle, comme une possible invention du théâtre qui affirmerait ainsi son autonomisation par rapport au drame absolu. Pour mener à terme ce projet de recherche, nous avons entrepris de convoquer des œuvres dramatiques contemporaines, exploitant ouvertement la matérialité de la langue, dans le but d'étudier ce que les principes du rythme et de la sonorité engendrent dans leur construction dramatique. L'analyse des pièces Variations sur la mort de Jon Fosse, 4.48 Psychose de Sarah Kane et Cannibales de José Pliya a conduit, dans un premier temps, à discuter la notion du rythme, telle qu'elle a été théorisée par Henri Meschonnic. Cette investigation nous aura permis de constater que le rythme correspond à l'organisation d'une écriture et que le sens en constitue l'enjeu principal. Par la suite, nous avons procédé à une étude de la temporalité discursive des œuvres du corpus. Celle-ci aura fait en sorte de révéler que les auteurs emploient divers procédés stylistiques dans le but d'amener le lecteur-spectateur à faire une expérience du temps particulière et à éprouver celui-ci. Nous avons également abordé la question de la perception en évoquant Merleau-Ponty. Enfin, nous avons fait appel à la notion de l'oralité, c'est-à-dire ce qui, dans le texte, compense l'absence de voix, pour postuler l'avènement du lecteur acteur du texte. De fait, étudier les manifestations de l'oralité consiste à montrer comment un mode d'énonciation spécifique s'encode dans une écriture et se transmet au lecteur. L'oralité permet donc de façonner sa diction intérieure et de l'impliquer davantage dans l'expérience de la lecture : s'il ne s'investit pas, l'œuvre lui demeure close. Dès lors, nous avons pu attester que la matérialité de la langue joue un rôle décisif dans la constitution du sens. La question de l'oralité s'est donc avérée déterminante quant à la résolution de notre hypothèse de recherche, en ce sens où elle aura permis d'affirmer la théâtralité même de la parole, et par le fait même, de témoigner du déplacement du drame vers le cœur même du langage en ancrant celui-ci à nouveau dans l'expérience sensible.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : rythme, sonorité, répétition, oralité, matière sonore, temporalité discursive, signifiance, perception, écoute, dramaturgie contemporaine.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5756 |
Date | 06 1900 |
Creators | Busque, Marie-Christine |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5756/ |
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