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Sur le seuil, le regard et l'image dans Le vice-consul et India song de Marguerite Duras

L'oeuvre de Marguerite Duras montre des personnages placés sur le seuil, entre la vie et la mort. Prisonniers d'un mouvement dialectique, ils sont positionnés dans un entre-deux, sur une frontière, qui les maintient toujours à l'écart de l'objet ou de l'individu qu'ils convoitent. Ce seuil prend de multiples formes dans le corpus durassien. Dans le présent mémoire, nous étudierons le seuil visuel qu'on retrouve dans Le Vice-consul et India Song. Les deux textes abordent la même histoire, celle d'un amour impossible dans une Inde coloniale tout aussi impossible. Dans Le Vice-consul, les protagonistes, incapables d'entrer en relation les uns avec les autres, vivent dans le regard. Puis, dans India Song, des modifications formelles apportées au récit influent sur le rapport visuel. L'objectif du travail est donc d'analyser comment le regard et l'image positionnent les personnages sur ce seuil, et comment le passage d'un livre à l'autre opère des changements dans cette dynamique. Pour appuyer nos recherches, nous utilisons principalement les ouvrages de Georges Didi-Huberman, philosophe et historien de l'art. Ses travaux traitent de problématiques reliées au regard et à l'image. Surtout, le théoricien explique que, lorsque l'objet regardé est porteur de mort, il est apte à instaurer un seuil entre lui et le regardant. Dans de telles conditions, «regarder» signifie être conscient que tout contact direct est exclu. Cependant, même si la frontière interdit tout rapprochement concret, elle représente malgré tout une forme de relation, à distance, le possible dans l'impossible. Dans Le Vice-consul, trois personnages sont dépositaires de la mort: le vice-consul, Anne-Marie Stretter et la mendiante. Ceux-ci créent tous le seuil avec les individus qui les regardent, et ce par divers phénomènes visuels, comme l'apparition et l'empreinte. Dans le roman nous assistons véritablement à une multiplication des regards, qui indiquent que les relations concrètes ne peuvent jamais naître entre ces personnes. Avec India Song, le seuil prend de l'expansion. Maintenant, quatre voix regardent l'histoire des Européens consulaires, désormais un épisode du passé, se dérouler devant elles. La frontière visuelle se forme entre elles et l'image du récit. De même, les changements formels permettent de générer le seuil entre le lecteur et l'oeuvre globale, l'ultime image. En somme le passage d'un texte à l'autre rend toujours l'histoire plus lointaine et inaccessible, affirmant ainsi davantage le seuil. Du Vice-consul, relatant les relations impossibles d'Européens consulaires, on se retrouve, dans India Song, avec une oeuvre dont les caractéristiques formelles permettent d'amener le seuil hors du contexte diégétique, entre l'oeuvre globale et le lecteur. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Marguerite Duras, Georges Didi-Huberman, Regard, Image, Seuil.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2526
Date January 2009
CreatorsLamontagne, Philippe
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/2526/

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