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Le temps chez Patinir, le paradoxe du paysage classique

Montrer le monde, est-ce montrer le "siècle", le temps, cet " incorporel " selon les stoïciens pour lesquels le terme est plutôt péjoratif, cette forme dégradée de l'éternité selon les platoniciens ? La présence du temps, linéaire, fleuve ou immobile, oblitère-t-elle intimement le paysage classique soit, selon Philippe Descola, " de Patinir à Lorrain " ? Une réflexion sur le temps n'y serait-elle pas tout aussi présente qu'une tentative, rarement revendiquée, de représentation de la " nature ", notion encore ambiguë sous la Renaissance (autant les choses elles-mêmes que leur essence, voir leur principe actif), " terme vague " plus tard encore pour l'Encyclopédie. Y a-t-il un paradoxe du paysage ? Ce genre pictural est apparu concomitamment à la fin des millénarismes et à la " sécularisation ", soit dans un contexte d'évolution radicale et complexe du rapport au temps qu'il soit symbolique, politique, historique, économique, technique ou autre, phénomène abondamment étudié par l'histoire, notamment culturelle, mais aussi l'économie, la sociologie, la théologie... Parallèlement aux deux autres grands genres, le portrait avec les âges de la vie et leur psychologie, ou la nature " morte " avec l'intention morale de ses " vanités ", il en méditerait la dimension métaphysique, l'indétermination de la notion de nature s'avérant sans doute faire système avec celle de la notion de temps. Dans cette thèse, la première à être consacrée en France à ce peintre, ces hypothèses sont abordées à partir de l'œuvre de l'anversois Joachim Patinir (~1484 - ~1524), créateur du paysage cosmique (" weltlandschaft "), premier peintre occidental reconnu comme " peintre de paysage " (Dürer : " Joachim Patinir, der gut landschaft malher "), même si, bien entendu, le paysage est depuis longtemps présent dans la peinture et l'ensemble des arts occidentaux, comme en Orient, mais non d'abord pour lui-même. A ce titre, entre autres éléments iconographiques spécifiques (dont une iconologie juive encore à approfondir) il est le peintre des grands " lointains ", terme que, ainsi que tant d'autres, le lexique de l'espace partage justement avec celui du temps. A l'autre extrêmité du cycle, sont également sollicités Poussin et Lorrain, pères du paysage héroïque ou, autre référence néoplatonicienne, " idéal ", et qui achèvent de donner à ce genre ses lettres de noblesse.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00467565
Date24 May 2008
CreatorsDupouey, Paul
PublisherUniversité Nancy II
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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