Cette thèse cherche à évaluer le rôle des politiques d’information dans la réduction des inégalités de capital humain.Dans le premier chapitre, co-écrit avec Bruno Crépon, nous étudions l’impact d’une expérimentation visant à augmenter le recours aux soins des jeunes chômeurs en France. Les jeunes en situation de précarité ont plus de risque de sous-investir dans leur santé, ce qui peut avoir des conséquences économiques et sociales à court et long terme. Dans cette étude, nous examinons deux barrières possibles : le coût des soins, et la mauvaise perception des besoins. A l’aide d’une expérience randomisée, nous trouvons qu’informer individuellement ces jeunes sur leurs besoins ainsi que sur le système d’assurance santé permet d’augmenter leurs investissements, en doublant notamment la probabilité de consulter un psychologue. Nos résultats suggèrent également qu’une telle intervention permet de favoriser les entrées en formation. Afin de distinguer les barrières relevant du coût des soins des barrières relevant d’une mauvaise perception des besoins, nous testons aussi une intervention dans laquelle les jeunes reçoivent uniquement l’information sur le système d’assurance santé. A la différence de l’intervention combinée, cette intervention ne permet pas d’augmenter le recours aux soins, ce qui souligne le rôle crucial des perceptions subjectives dans les décisions de santé.Dans le second chapitre, issu d’un travail avec Marc Gurgand, Nina Guyon et Marion Monnet, nous évaluons une politique consistant à orienter des enfants vivant en zones urbaines sensibles (ZUS) en France vers des structures répondant à leurs difficultés. Dans les ZUS, certains enfants ont tendance à cumuler difficultés scolaires, problèmes de santé, de socialisation, et parfois problèmes familiaux. La politique étudiée consiste à mettre en place des interventions individualisées et multidimensionnelles pour les enfants, impliquant leurs parents et leur enseignant. Ces interventions consistent par exemple à inscrire l’enfant dans un club de sport, à réaliser un bilan de santé, à offrir aux parents une assistance administrative, et reposent sur les ressources disponibles au niveau de la commune. Afin d’identifier un effet causal, nous mettons en place des méthodes d’appariement que nous combinons avec un estimateur en différence-de-différences. Nous trouvons que le dispositif n’a d’effet ni sur le comportement des enfants, ni sur leurs compétences cognitives, et un effet négatif sur la socialisation et la motivation scolaire. Il réduit en revanche l’absentéisme. Une comparaison avec d’autres dispositifs suggère qu’il est nécessaire d’intervenir dès le plus jeune âge et de manière plus intensive pour améliorer la situation de ces enfants défavorisés.Dans le troisième chapitre, j’examine dans quelle mesure les politiques d’information destinées à guider les lycéens dans la transition vers le supérieur permettent d’augmenter le recours aux bourses parmi les étudiants défavorisés au Canada. Les doutes de plus en plus nombreux quant à la capacité des politiques d’aides financières à réduire les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur conduisent à s’interroger sur leurs conditions d’efficacité. Cette étude vise à mieux comprendre les barrières informationnelles auxquelles les étudiants sont confrontés. Sur la base d’une expérience contrôlée, je modélise la demande de bourse comme étant fonction de l’utilité perçue de l’université, qui elle-même dépend du niveau d’information des jeunes. J’utilise ensuite le modèle pour simuler différentes politiques d’information souvent mises en œuvre, mais rarement évaluées. Informer les jeunes sur le système d’aides financières s’avère particulièrement efficace. Rencontrer un conseiller scolaire ou faire un test de compétences et d’orientation permet également d’augmenter le recours aux aides. Les simulations suggèrent que de tels dispositifs pourraient égaliser la demande entre étudiants favorisés et défavorisés. / This dissertation attempts to assess the role information policies may play in the reduction of human capital inequalities.In the first chapter, which is a joint work with Bruno Crépon, we study the impact of an experiment aimed at increasing the use of healthcare services among unemployed youth in France. Economically disadvantaged youth are particularly at risk of under-investing in their health, which can have short and long term negative consequences on a variety of socioeconomic outcomes. In this study, we investigate two possible factors of under-investment: cost of healthcare, and misperception of health needs. Relying on a randomized experiment, we find that providing them with personalized information on their health needs as well as on public health insurance raises their health investments, in particular it doubles the proportion of people consulting a psychologist. Our results suggest that such policies also have a potential for increasing participation to training programs. To distinguish between financial constraints and misperception of health needs, we also test a program providing information on public health insurance only. In contrast, this limited program does not induce any health investments, which highlights the crucial role of subjective perceptions of needs in health decisions among disadvantaged youth.In the second chapter, which is based on a joint work with Marc Gurgand, Nina Guyon and Marion Monnet, we evaluate a policy that consists in directing 2 to 16 year-old children living in deprived areas in France to the local resources they need. In deprived areas, some children tend to cumulate academic difficulties with health, social and sometimes family difficulties. In this paper, we evaluate a policy consisting in individualized and comprehensive programs that involve both the child, the parents and the teacher. Interventions range from sport activities or health diagnosis for the child to administrative assistance for the parents, and use existing local resources. Our identification strategy relies on propensity score matching combined with difference-in-differences estimation. We find no impact of the policy on children behavior and cognitive skills, and on their parents’ relation to school, and negative impacts on the relation to other children and on school motivation. By contrast, school attendance increases among treated children. Comparison with other comprehensive programs suggests that more intensive or earlier interventions might be required to significantly improve the situation of deprived children.In the third chapter, I assess the extent to which information policies aimed at guiding high school students in their transition to higher education can raise the take-up of grants among disadvantaged students in Canada. Growing concerns about the capacity of grant policies to reduce the socioeconomic gap in college enrollment call to investigate the conditions required for these policies to reach their target. This paper aims at better understanding the information barriers disadvantaged students may face. Based on a lab-in-the-field experiment, I model the demand for grants as a function of the perceived utility of university, which depends on the level of information on higher education and on the labor market students have. I use the model to simulate several information policies that are commonly implemented in high schools, but rarely studied. While receiving information on the financial aid system demonstrates to be particularly effective, meeting a school counsellor or taking a skills and interests test also significantly raises the take-up of grants among disadvantaged students. Simulations suggest these policies could close the take-up gap with their more advantaged counterparts.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017SACLX118 |
Date | 20 December 2017 |
Creators | Pernaudet, Julie |
Contributors | Université Paris-Saclay (ComUE), Belzil, Christian |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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