Depuis plus de trente ans, le Québec a pris position en faveur d’un mouvement de professionnalisation de l’enseignement. Ce choix se fonde principalement sur la volonté de moderniser les systèmes d’éducation grâce à la consolidation d’une expertise du travail enseignant. Elle a donc engendré toute une série de réformes visant à formaliser les pratiques des enseignants, à les appuyer sur les résultats de la recherche et à développer un code de pratiques responsables. Cependant, dans une perspective critique, ce processus de professionnalisation entre également dans le cadre plus large d’un processus de rationalisation étatique. Il exige de plus en plus des enseignants de faire preuve d’efficacité à tout prix, mais cette exigence ne tient pas compte de l’incertitude de l’action et des valeurs en jeu. Cette thèse vise à analyser, à partir d’une perspective critique, la conception de l’articulation entre la recherche et la pratique sous-jacente au mouvement de professionnalisation en vue de proposer une conception plus adéquate en regard de la réalité pratique: la traduction. Ce faisant, la thèse propose une réflexion sur le rôle transformateur du langage dans tout processus de transmission des connaissances. L’approche de la traduction s'inspire à la fois de la tradition herméneutique et de la critique poststructuraliste, et remet en question la conception du langage comme véhicule transparent de la pensée et des connaissances. À la lumière de ce cadre, je propose une analyse empirique (analyses discursive et sémiotique) des mécanismes de traduction qui assurent le passage du monde de la recherche vers le monde de l'enseignement. Cette partie repose sur une analyse comparative d’articles provenant de la revue Vie pédagogique, analyse qui se concentre sur les processus de traductions à l’œuvre dans trois concepts centraux du mouvement de professionnalisation : la pratique réflexive, la compétence et la collaboration. Elle met en lumière la manière dont le cadre actuel de la professionnalisation est réducteur, totalisant, et nie le caractère traductif du langage et de l’activité humaine. Je conclus avec une reconceptualisation de l'enseignement en tant que traduction et acte de profession de foi. / For over thirty years, Quebec has taken a stance in favour of a movement for the professionalization of teaching. This position is based primarily on the desire to modernize the educational system by reinforcing teaching skills, and it has spawned a whole series of reforms whose aim is to formalize teaching practices, to strengthen them on the basis of research results and to develop a code of responsible practices. Viewed from a critical perspective, this process of professionalization can be understood as being part of a wider process of state rationalization. Thus, the state increasingly demands that actors prove effective at all cost. This demand, however, does not take into account the reality of teaching, which is based in a large part on the uncertainty of action and of the values at stake. This dissertation attempts to analyze, from a critical view point, the conception of the relationship between research and practice underlying the professionalization movement, in order to offer an alternative conception - translation - that seems more appropriate in view of practical reality. In doing so, it reflects on the transformative role of language in processes of knowledge transfer. The "translation approach", which is the theoretical framework of our critical analysis, is informed by both the hermeneutic tradition and poststructuralist critique, and calls into question the notion that language is a transparent means for conveying thought and knowledge. In light of this framework, the thesis presents an empirical analysis (semiotic and discourse analysis) of the translation mechanisms that ensure the passage from the world of research to the world of teaching. Towards this end, various articles from the journal Vie pédagogique are submitted to a comparative analysis that focuses on the processes of translation at work in three central concepts of the professionalization movement – reflective practice, competence and collaboration – in order to highlight how the current framework of professionalization is reductive, totalizing, and how it denies the translational nature of language and of human activity. To conclude, the thesis offers a reconceptualization of teaching as translation and as an act of profession of faith.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/12294 |
Date | 05 1900 |
Creators | Schwimmer, Marina |
Contributors | Tardif, Maurice, Standish, Paul |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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