Ce travail présente la manière dont le regard d'Elizabeth Bishop appréhende le monde en refusant toute illusion de familiarité. Il étudie les diverses stratégies de défamiliarisation qui invitent le lecteur à redécouvrir les surprises que peuvent réserver l'ordinaire et le quotidien, ainsi que le rapport qui s'instaure entre le sujet lyrique et le monde dans ces conditions. Il s'agit d'analyser comment l'affleurement de l'étrange ou de l'informe dans le familier et l'intime permet d'accéder à une reconnaissance du soi plus ample et plus authentique. L'écriture de Bishop remet inlassablement en question la stabilité de la réalité, y compris celle du sujet, ainsi que toute notion d'acquis, ou d'acquisition dans le temps. C'est ainsi que sa voix – sa signature – se singularise et qu'elle se démarque de ses pairs, mais aussi de la société à laquelle elle appartient. Ce qui s'affirme au travers de son écriture n'est paradoxalement fait que d'incertitude et de vulnérabilité. Le sujet qui s'y forme se construit sur de l'éphémère, sur ses propres limites ; il ne peut s'appuyer que sur la découverte de l'aliénation exogène mais également endogène à laquelle il est confronté. Simultanément, cette écriture cherche des moyens de maintenir le sujet, par la résonance d'échos, par le foisonnement, la prolifération, autant de techniques qui le ramènent incessamment au manque, au vide, à la faille qu'elles sont supposées masquer. Cette thèse propose d'interroger le rapport entre perte et création dans l'œuvre de Bishop, la manière dont la création se nourrit de la perte, et dont elle entraîne le lecteur dans cette transaction, l'incluant par là-même dans le processus créatif. / This study examines the way Elizabeth Bishop's writings probe the world's seeming familiarity, how through various strategies of defamiliarization they reveal to the reader the hidden surprises of the ordinary, and how the lyrical subject relates to the world. As the strange and the shapeless surface within the intimate and the familiar, the persona gains access to a better and more authentic understanding of his-her own self. Bishop's writing relentlessly questions the stability of reality, including that of the self. It seems that the only knowledge available is that of uncertainty and contingency. Her voice is therefore necessarily singular and isolated, being itself in perpetual mutation. In order to maintain itself, her subject is constrained to rely on its own ephemeral and limited nature, as well as on external and internal alienation. Echoes and techniques of proliferation are construed to achieve that aim. Yet those techniques keep ! bringing the subject back to the lack, the absence, the gaps they are meant to bridge and cover up. Finally, this analysis explores the relationship between loss and creation: how creation is fueled by loss and how the reader is drawn into Bishop's writing thus ensuring the persistence of creation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009PA030122 |
Date | 14 November 2009 |
Creators | Mollet-François, Lhorine |
Contributors | Paris 3, Lemardeley, Marie-Christine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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