Parlebas (1970) affirmait déjà, il y a plus de quarante ans, « l’affectivité est la clef des conduites motrices ». De nombreux travaux se sont concentrés sur la verbalisation des émotions en contexte sportif. A priori ou a posteriori, c’est le sportif qui détermine ce qu’il ressent. Est-il possible de proposer une approche qui viendrait s’adjoindre à celles existantes afin de s’intéresser aux émotions qui naissent durant l’action motrice? L’objet de ce travail porte sur la mise en œuvre d’une méthodologie d’observation qui permet de préserver le caractère écologique de l’émotion sportive. Nous l’envisageons à partir du décryptage des mimiques émotionnelles et des actions du joueur. À l’appui des travaux de Frijda et Tcherkassof (1997), Tcherkassof (2008), Parlebas (1999), Collard (2004), Oboeuf (2010) nous décryptons les émotions et les sous-rôles moteurs actualisés par le joueur en utilisant les expressions faciales et les tendances à l’action. Dans un premier temps, nous créons un test de reconnaissance des expressions faciales sportives. Nous le soumettons à des étudiants STAPS afin d’objectiver des capacités de décodage des visages. Nous constatons que la spécialité sportive a un impact sur la performance. Les résultats suggèrent que les spécialistes des activités de coopération sont de bons décodeurs. Les spécialistes de l’opposition « avec agressivité motrice limitée » sont assez bons. Les combattants sont de piètres décodeurs malgré qu’ils reconnaissent parfaitement la peur. Les spécialistes des activités psychomotrices sont plutôt mauvais mais peu en lien avec cette habileté de décodage. Dans un second temps, nous utilisons les excellents décodeurs sélectionnés grâce à notre test afin qu’ils analysent des vidéos de sportifs en action motrice. Grâce à une caméra embarquée, les visages de chaque joueur peuvent être recensés et analysés dans deux jeux sociomoteurs : la balle assise et l’ours et son gardien. Les observateurs formés et sélectionnés retranscrivent dans une grille d’analyse situationnelle les expressions faciales prototypiques d’une émotion et les sous-rôles sociomoteurs que le joueur actualise (Oboeuf, 2010). Cette grille est un ludogramme émotionnel (Parlebas, 1999). Les seconds types de résultats ainsi recueillis nous invitent à penser qu’il y a des émotions typiques de certaines actions. Lorsqu’elle précède un sous-rôle, la colère est celle de la frappe ou du tir puissant tandis que la peur est celle de l’esquive. Lorsqu’elle succède un replacement ou une interaction de marque favorable, la joie est un retour sur l’objectif du jeu et la douleur est consentie par le contrat ludique. En tant que processus, l’émotion permet au sportif de choisir la conduite motrice qu’il doit mettre en œuvre. En tant que résultat de l’action, l’émotion est une information sur l’atteinte du but du jeu. L’ensemble de nos résultats nous invite à valider cette méthodologie. Il sera désormais nécessaire de reproduire ce type d’étude dans de nombreux sports. / More than forty years ago, Parlebas (1970) affirmed: « affectivity is the key to motor skill ». Many studies have concentrated on the verbalization of emotions in sports context? Before the game or after the game, the sportsman determines what he feels. Is it possible to suggest an approach that would come in line with existing ones in order to be interested in the emotions that arises during motor action? The aim of this work is to implement an observational methodology that preserves the ecological character of sport’s emotion. We consider it from the deciphering of the emotional mimics and the actions of the player. In support of the work of Frijda and Tcherkassof (1997), Tcherkassof (2008), Parlebas (1999), Collard (2004), Oboeuf (2010), we decrypt the emotions and the motor sub-role of player using facial expressions and tendency to action. As a first step, we create a test for recognition of sport’s facial expressions. We submit it to sport students in order to objectify capacities of decoding the faces. We see that the sporting specialty has an impact on performance. The results suggest that specialists in cooperative activities are good decoders. The opposition specialists "with limited motor aggressiveness" are quite good. The fighters are poor decoders despite they fully recognize the fear. Specialists in psychomotor activities are rather bad but not very much related to this skill of decoding. In a second step, we use the excellent decoders selected by our test so that they analyze videos of sportsmen in motor action. Thanks to an embedded camera, the faces of each player can be recorded and analyzed in two sociomotor games: the seated ball and the bear and his keeper. In a situational analysis grid, trained and selected observers retranscribe the prototypical facial expressions of an emotion and the sociomotor sub-roles that the player updates (Oboeuf, 2010). This grid is an emotional ludogram (Parlebas, 1999). The second type of results collected thought that method invite us to think that there are typical emotions inherent to certain actions. Before a sub-role, anger is related to powerful striking or shooting, while fear is interconnected with dodging. Following a replacement or a favorable brand interaction, the joy is a return on the game’s aim and the pain is consented by the play contract. As a process, the emotion allows the athlete to choose the driving behavior that he must implement. As a result of action, emotions are information about reaching the goal of the game. All of our results invite us to validate this methodology. It will now be necessary to repeat this type of study in many sports.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCB096 |
Date | 15 November 2017 |
Creators | Lecroisey, Loïc |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Collard, Luc |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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