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La réforme de l'université au Maroc vue par les acteurs universitaires : une étude de cas de l'Université Maohammed V, Rabat-Salé

Cette étude est consacrée à l’université publique marocaine. Elle se situe dans le champ de l’enseignement supérieur public. Les chercheurs du secteur universitaire au Maroc qualifient la gestion de l’enseignement supérieur de centralisée, bureaucratisée, rigide et incapable de trouver des réponses efficaces à la société. L’université publique marocaine vit une crise : elle a fait l’objet de nombreux critiques sur la nature des services universitaires. Sur le plan académique, elle est inappropriée pour faire face à la demande sociale en matière de l’enseignement universitaire. Sur le plan interne, elle est inadaptée à cause de dysfonctionnement pédagogie, organisationnel et administratif. L’université publique n’a pas été apte à s’adapter au secteur privé en créant des débouchés viables pour ses diplômés.

Devant la gravité de la situation de l’enseignement supérieur public marocain, une Commission Royale Spéciale a été créée, dont le mandat était de trouver une meilleure façon de rationaliser le système universitaire. C’est ainsi qu’en 1999, la Commission a établi une Charte nationale de l’éducation et de la formation. Les premiers éléments de la nouvelle réforme ont été mis en application dès la rentrée universitaire 2003-2004. Cette nouvelle réforme est perçue comme un moyen d’améliorer le fonctionnement des établissements universitaires publics. Son objectif principal est de réformer d’une manière globale le système universitaire public.

Dans les recherches qui se sont intéressées à la réforme de l’université publique marocaine, nous avons constaté qu’il y a une absence de documentation en ce qui trait aux réactions des acteurs universitaires et professionnels face aux orientations de cette réforme. Dans le but d’apporter des éclaircissements, nous nous sommes fixé un double objectif : déterminer, à partir de la perception d’acteurs universitaires, les effets des orientations de la nouvelle réforme et de ses modalités; connaître les changements organisationnels et leurs exigences.

La stratégie de recherche répondant le mieux à notre double objectif était la recherche exploratoire. La démarche que nous avons privilégiée fut celle d’une première étude avant l’implantation de la nouvelle réforme et d’une autre après trois semestres de son implantation. Les questions qui ont soutenu notre recherche sont les suivantes : les attitudes des acteurs universitaires ont-elles été modifiées par l’introduction de la nouvelle réforme? Si oui, dans quel sens ont-elles été modifiées? Est-ce que la nouvelle réforme a modifié les pratiques pédagogiques et financières dans le sens indiqué par la charte? Quelles formes de contribution des acteurs universitaires peuvent-ils apporter à une implantation efficace de la nouvelle réforme?

Parmi les quatorze universités publiques que compte le Maroc, nous avons choisi l’Université Mohammed V de Rabat-Salé. Cet établissement est l'une des universités les plus anciennes au Maroc. Elle est caractérisée par un nombre significatif de départements qui ont un potentiel de recherche et une réputation nationale. Aucune université ne dispose d’autant de facultés et de différentes disciplines : lettres, sciences, économie, droit, médecine et pharmacie, médecine dentaire, ingénierie, technologie et autres.

La démarche méthodologique retenue est axée sur des entrevues auprès des acteurs universitaires et professionnels de trois facultés : 1) faculté des Lettres et Sciences humaines, 2) faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales, 3) faculté des Sciences. Celles-ci sont considérées comme des facultés pilotes par rapport à la nouvelle réforme. Nous avons entrepris deux séries d’entrevues : la première en 2001 avant l’implantation de la nouvelle réforme de l’université et la deuxième en 2005 après son implantation. Nous avons mené au total quarante-cinq (45) entrevues qui se sont déroulées en deux périodes : la première a eu lieu entre décembre 2000 et janvier 2001 et la deuxième entre décembre 2004 et janvier 2005.

Lors de la première série d’entrevues, notre protocole était composé de questions spécifiques portant sur les initiatives inhérentes à la mise en application d’un système modulaire, sur les procédures pour restructurer la formation universitaire publique, sur le développement de projets spéciaux et de matériel didactique en rapport avec le nouveau système pédagogique et sur les propositions et les procédures pour la participation de l’université au marché du travail. Nous avons aussi posé des questions concernant les aspects financiers. Enfin, pour mieux comprendre le contexte, des questions portaient sur les évaluations et les recommandations de la nouvelle réforme de l’université publique.

Au cours de la deuxième période d’entrevues, nous avons recueilli des données sur le soutien du département au pilotage des objectifs de la nouvelle réforme universitaire, le soutien des instances professionnelles à l’avancement de la réforme, la coopération des enseignants au plan de l’avancement des pratiques pédagogiques et les conditions nécessaires à une implantation efficace.

Les réponses obtenues auprès des acteurs universitaires et professionnels ont été soumises à une analyse de contenu. Nous avons opté pour le modèle politique comme cadre conceptuel de notre recherche. Ce modèle nous a aidés à montrer l’importance des acteurs universitaires et professionnels dans les démarches pour l’application de la nouvelle réforme. Il nous a aidés également à comprendre comment les caractéristiques de la communauté universitaire peuvent faciliter ou bloquer la réussite de la réforme en cours.

Cette recherche montre dans quelle mesure les objectifs de la nouvelle réforme fixés par la Commission Royale Spéciale sont en voie de réalisation. En ce sens, notre recherche pourrait être utile au plan national marocain : elle pourrait aider les responsables politiques et les administrateurs universitaires à prendre des décisions appropriées au processus d’implantation de la nouvelle réforme universitaire. / This study is devoted to the Moroccan public university. It is located in the field of public higher education. Researchers from the university sector in Morocco describe higher education management as being centralized, bureaucratic, rigid and unable to find effective answers to societal concerns. The Moroccan public university is in a crisis: it has been subject to many criticisms about the nature of its services. On the academic front, it is inadequate to meet the social demand for university education. In terms of internal, it is inadapted because of the dysfunction pedagogical, organizational and administrative matters. The public university has not been able to adapt to the private sector by creating viable opportunities for its graduates.

Given the gravity of the situation of public higher education in Morocco, a Special Royal Commission was established, whose mandate was to find a better way to streamline the university system. Thus in 1999 the Commission established a National Charter of Education and Training. The first elements of the new reforms have been implemented since the academic year 2003-2004. This new reform is seen as a way to improve the functioning of public universities. Its main objective is a comprehensive reform of the public university system.

In the researches that have focused on the reform of the Moroccan public university, we found that there was a lack of documentation in relation to key academics and professionals reactions regarding the directions of this reform. In quest for more clarify, we have set to ourselves a double objective: to determine from the perception of academic actors the effects of the orientations of the new reform and its terms; to determine the needed organizational changes for the implementation of the new academic reform to be effective.



The research strategy that best meet our dual objective was an exploratory research. The approach we have chosen was that of an initial study before the implementation of the new reform and another three semesters after of the implantation. The questions under laying our research evolve around the following aspects: were the attitudes of university actors modified by the introduction of the new reform? If yes, in what way have they changed? Has the new reform altered the educational and financial practices in the direction indicated by the charter? What forms of contribution could university actors make for an efficient implementation of the new reform?

Among the fourteen public universities that account in Morocco, we chose the University Mohammed V of Rabat-Salé. This establishment is one of the oldest universities in Morocco. It is characterized by a significant number of departments that have a potential of research and a national reputation. No other university has as many faculties and disciplines: humanities, sciences, economics, law, medicine and pharmacy, dentistry, engineering, technology and more.

The methodology used focused on interviews with academics and professionals in three faculties: 1) Faculty of Arts and Humanities, 2) Faculty of Law, Economic, and Social Sciences, 3) Faculty of Sciences. These Faculties are considered to be pivotal in relation to the new reform. We conducted two series of interviews: the first one in 2001 before the implementation of the new reform and the second one in 2005 after its implantation. We conducted a total of forty-five (45) interviews in two phases: The first one has been between December 2000 and January 2001 and the second one between December 2004 and January 2005.

Our protocol interviews of the first period was composed of specific questions on the initiatives inherent in the implementation of a modular system, procedures to restructure the public university education, the development of special projects, tools, training materials related to the new educational system and proposals, procedures for the university to participate in the labour market. We also asked questions concerning the financial aspects. Finally, to better understand the context, questions were raised about the assessments and recommendations for further reform of the public university.

In the second period of interviews, we collected data to support the department in piloting the objectives of the new university reform, the support of professional bodies to advance the reform, the cooperation of teachers in terms of advancement of teaching practices and requirements that promote effective implementation.

The responses from academic and professional actors have been put to content analysis. We opted for the political model as a conceptual framework of our research. This model has helped us demonstrate the importance of academic and professional actors in the application process of the new reform. It has also helped us understand how the characteristics of the university community can facilitate or block the success of the ongoing reform.

This research shows to which extent the objectives of the new reform fixed by the Special Royal Commission are being realized. In this sense, our research could be helpful at the national level in Morocco: it could help political leaders and university administrators make appropriate decisions to the process of implementation of the new academic reform.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/6873
Date11 1900
CreatorsGougou, Mohammed
ContributorsCrespo, Manuel
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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