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Une affinité paradoxale : Epicurisme et augustinisme dans la pensée de Pierre Bayle / A paradoxical affinity : Epicureanism and augustinismin Pierre Bayle's thought

On trouve sous la plume de Bayle des jugements critiques fondés sur des rapprochements pour le moins étonnants : de Pascal, il dresse un portrait en nouvel Epicure, et de Malebranche, il assimile la morale augustinienne à une morale épicurienne. On a souvent considéré ces commentaires comme de simples arguments polémiques sans fondement dans l'architecture des pensées commentées. Pourtant, Bayle théorise lui-même l'art d"établir ces parentés paradoxales comme un acte d' interprétation : il se définit comme un "petit auteur " dont la tâche est d' interpréter au plus juste les textes en opérant de "belles applications", c'est-à-dire en conférant au texte un nouveau contexte pertinent susceptible d'en faire ressortir la signification. Nous nous proposons de donner tout son sérieux théorique à l'affinité paradoxale décelée par Bayle entre augustinisme et épicurisme dans la mesure où elle est susceptible de nous renseigner autant sur la propre pensée de Bayle que sur les oeuvres dont il entreprend la lecture. Cette affinité repose sur la notion de plaisir, dont Bayle montre qu'elle est au coeur des anthropologies augustinienne et épicurienne. Il en décline tour à tour les conséquences morale, théologique, spirituelle, politique et épistémologique, jusqu'à récrire ce que l'on peut considérer comme un dialogue entre Augustin et Epicure, dialogue qui n'a pas été correctement développé à ses yeux. Il en résulte que l'épicurisme lui paraît beaucoup plus "proportionné" que l'augustinisme à la nature de l'homme tel qu'il est. / In Bayle's works we find a number of critical judgements based on unexpected comparisons : he portrays Pascal as a new Epicurus, for instance; he classes Malebranche's Augustinian morals as an Epicurean ethic. These comments have often been interpreted as polemical arguments without foundation in more profound phjlosophical thought. However Bayle himself proposes a theory of the art of establishing such paradoxical connections, which he regards as an act of interpretation : he describes himself as a "Small writer", whose work consists in interpreting texts by finding relevant contexts which bring out their deeper meaning: thjs is what he calls « to make fine applications». ln this thesis we suggest thal the paradoxical affinity defined by Bayle between Epicureanism and Augustinianism should be taken seriously : it can indeed inforrn us about Bayle's own thought and about his interpretation of olher aulhors. This affinity is based on the concept of pleasure which is, according to Bayle, at the heart of Augustinean and Epicurean anthropologies. From this affinity, Bayle then draws moral, theological, spiritual, political and epistemological consequences. He rewrites, as it were, a debate between Augustin and Epicurus, a debate which, to his mind, had never been properly conducted. His conclusion is thal Epicureanism is better « proportioned » to human nature as it is than Augustinianism.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2015STET2203
Date19 June 2015
CreatorsArgaud, Élodie
ContributorsSaint-Etienne, McKenna, Antony
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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