Manifestation extérieure des secrets mouvements de l’âme, l’émotion possède un caractère universel, mais les sociétés fondent pour partie leur cohérence sur des pratiques communes de l’affectivité qui peuvent l’emporter sur cette expérience individuelle. Le prince, dont le corps et le geste concentrent les regards, n’échappe pas aux injonctions d’un habitus idéal dans lequel les émotions jouent un rôle essentiel, entre valorisation et transgression. Cette étude a l’ambition de montrer en quoi celles-ci sont convoquées en renfort de la communication politique. L’espace des Pays-Bas bourguignons des deux derniers siècles du Moyen Âge a été retenu, et l’on a voulu délimiter le contexte culturel à l’origine d’un discours de l’émotion pour le gouvernant, en retenant un corpus de sources diversifié. Une réflexion préalable sur la dimension protéiforme du corps et sur le portrait émotionnel du prince idéal permet de mettre en évidence une affectivité et une expressivité particulières pour celui-ci. Ces caractères sont des préalables pour l’usage privilégié de la colère, omniprésente dans les sources, dont la représentation sert l’exercice de la justice mais peut également conduire à des passages à l’acte préjudiciables pour la dignité et la majesté. Entre la joie des manifestations festives et les souffrances qui semblent consubstantielles à l’exercice du pouvoir, les auteurs esquissent un portrait du prince d’émotion bourguignon difficilement réductible à nos catégories modernes, ce dont rend bien compte la polysémie des larmes. Au-delà des stratégies narratives, il est cependant possible de proposer des pistes pour élucider la nature des émotions proposées ainsi que leur insertion dans un discours global sur le pouvoir. / As an outward manifestation of the soul’s secret moves, emotion has a universal dimension. However, societies establish part of their consistency upon a common practice of feelings which may override individual experience. The ruler, whose body and gesture are the centre of every attention, cannot elude injunctions of an ideal habitus in which emotions play a substantial part, between promotion and transgression. This study emphasizes the extent to which emotions support political communication. The Burgundian Low Countries in the Late Middle Ages have been examined, and the cultural context in which emotion as a ruling practice emerged has been outlined, thanks to a diversified corpus of sources. In a first part, the study of the body’s protean dimension reveals that the ruler’s ideal image embodies specific feelings and expressiveness. These characteristics prelude to a privileged use of an omnipresent anger in sources, to which the exercise of power and justice owe more than a little. Yet, this emotion is also likely to drive the ruler to a detrimental acting out for his dignity and majesty. Between joy demonstrated in the context of a culture of feasts, and pain which seems to be consubstantial to power, emerges the portrait of the emotional prince of Burgundy which can not be outlined with modern categories of language, as shown by the ambiguity of tears. Beyond narrative strategies, it is yet possible to propose some perspectives of interpretation to elucidate the nature of proposed emotions and the way they may be integrated in a general ideology of power.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA040224 |
Date | 13 November 2010 |
Creators | Smagghe, Laurent |
Contributors | Paris 4, Rijksuniversiteit te Gent, Crouzet-Pavan, Élisabeth, Boone, Marc |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0017 seconds