L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, ou « Église mormone », émargea au cours de la première moitié du XIXe siècle dans une Amérique en proie à des mutations sociales et religieuses. Joseph Smith, son prophète-fondateur, l’inscrivit dès le départ dans une radicalité doctrinale en « protestant » les fondamentaux du christianisme tels qu’ils avaient été définis et acceptés auparavant. Il s’attira de ce fait le courroux des « Églises établies », en particulier de celles du protestantisme évangélique. Malgré une américanité foncière, sa religion fut affublée de l’étiquette « un-american » et ses disciples furent persécutés, poussés à édifier leur « Sion » sur la « Frontière », puis dans l’Ouest, à la périphérie de la société américaine. Contrairement à bien d’autres groupes religieux ou de mouvements utopiques, les « mormons » réussirent à transformer leur marginalisation en force, développant par la même occasion des particularismes qui firent d’eux un « peuple à part ». Or, ils s’éveillèrent aussi à l’évidence que pour échapper aux persécutions, ils devaient se positionner au cœur de l’action politique du pays. L’investiture de Mitt Romney par le Parti républicain pour l’élection présidentielle de 2012 témoigne de leur réussite. Mais comment cela fut-il possible ? Romney fut aussi l’objet d’une formidable opposition religieuse au cours de la phase des primaires du Parti qui n’est pas sans rappeler celles fomentées par les protestants contre les catholiques Al Smith (1928) et John F. Kennedy (1960). Comment expliquer ce refus de voir un mormon à la Maison blanche ? Nous répondons dans cette thèse à ces questions, et à bien d’autres, notamment en illustrant le fait que Romney, J. F. Kennedy et Al Smith eurent un prédécesseur en Reed Smoot, apôtre mormon dont l’élection en 1902 au Sénat fédéral fut à l’origine du plus grand procès politico-religieux d’Amérique. / The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, or “Mormon Church,” emerged during the first half of the 19th century while America was undergoing social and religious changes. Right from the outset, Joseph Smith, the prophet-founder, set the Church in a radical opposition, “protesting” the dogma of traditional Christianity as they had been defined and accepted for centuries. He attracted the ire of the “established Churches” of Evangelical Protestantism. In spite of the profound Americanness of his religion, it was labeled un-american and his followers were persecuted, driven out, and forced to build their “Zion” on the Frontier, and then in the West, on the margins of American society. Unlike several other religious groups and utopian movements, the “Mormons” managed to turn their marginalization into strength, developing thereby traits that made them “a peculiar people.” Yet, they also realized that to escape persecutions, they had to be at the center of the nation’s politics. The nomination of Mitt Romney by the Republican Party for the 2012 presidential election testifies to their success. How did that come about? Romney was also the object of a sturdy religious opposition during the Party’s primaries that reminded the ones set up by the Protestants in the cases of Al Smith (1928) and of John F. Kennedy (1960). How does one account for this refusal to see a Mormon in the White House? In this dissertation, we answer these questions, and to many more, particularly as we illustrate the fact that Romney, J. F. Kennedy and Al Smith had a predecessor in Reed Smoot, a Mormon apostle whose election in 1902 to the U.S. Senate set the tone for the greatest religiously and politically-motivated trial ever in American history.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013BOR30054 |
Date | 12 December 2013 |
Creators | Charles, Carter |
Contributors | Bordeaux 3, Rigal-Cellard, Bernadette |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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