A partir du repérage d’un point aveugle de la littérature générale et comparée, ce travail vise à faire de la littérature turque le site d’interrogation de la discipline et de l’intelligibilité régionale de la littérature européenne. La mondialisation du discours critique permet de situer la réception de la littérature européenne chez un romancier turc contemporain dans le cadre des échanges littéraires inégaux entre un espace littéraire ancien et très doté et la périphérie turque. Les particularités de ce champ socio-Historique dont Orhan Pamuk est tributaire permettent de comprendre sa trajectoire exceptionnelle, mais aussi son ethos de lecteur de la bibliothèque européenne, marqué par l’excentricité et l’héritage de la dépendance. Dès lors, l’étude du recours d’Orhan Pamuk au roman européen met en valeur trois usages de celui-Ci : un usage mimétique, un usage générique et un usage architextuel dont témoigne la réécriture des Buddenbrook de Thomas Mann. Le recours au roman dostoïevskien met en lumière, quant à lui, l’homologie structurale de deux anciens empires dans le rapport à l’Europe, et révèle à Orhan Pamuk l’intelligibilité des « démons » de la Turquie. Le roman pamukien se présente alors comme une négociation poétique de la dépendance et de l’excentricité de la littérature et du roman turcs. La poétique intertextuelle très appuyée, dans un geste de réécriture du canon (Proust, Dante, Dostoïevski) permet la captation de l’héritage littéraire européen ; la poétique de la taklit, centrée sur les jeux fictionnels et les feintises ludiques, permet enfin de transmuer le complexe de dépendance mimétique dans une nouvelle catharsis romanesque de laquelle émerge la « fiction » de l’auteur pamukien. / Having identified a blind spot in general and comparative literature, this work proposes to introduce Turkish literature as a questioning site within the field which also interrogates the regional comprehensibility of European literature. The globalization of literary criticism allows us to locate the reception of European literature within the work of a contemporary Turkish novelist in the wider context of an unbalanced literary exchange between on the one hand an ancient and rich literary space and the Turkish periphery on the other. The particularities of this social and historical field to which Orhan Pamuk is affiliated account for his trajectory in world literature, while also shedding light on his ethos as a reader of the European library, itself characterized by eccentricity and an inherited dependency. It follows that studying Orhan Pamuk’s use to the European novel brings to light a mimetic, a generic and an architextual use, as shown by his rewriting of Mann’s Buddenbrooks. As for his use of the Dostoevskian novel, it highlights the structural homology of the two former Empires in relation to Europe, and lays bare to Orhan Pamuk Turkey’s “demons” in all their legibility. The Pamukian novel presents itself as a poetical negotiation with the dependency and eccentricity of Turkish literature and the Turkish novel. Rewriting the canon (Proust, Dante, Dostoevsky) with glowing intertextual poetics, Pamuk captures the European literary inheritance ; these taklit poetics, replete with fictional games and playful sham facilitate the conversion of this net of mimetic dependency into a new novelistic catharsis from which the “fiction” of the Pamukien author emerges.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA100123 |
Date | 20 November 2014 |
Creators | Duclos, Elise |
Contributors | Paris 10, Haddad-Wotling, Karen |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0026 seconds