Selon la version courante du « dilemme d’Euthyphron », on considère que lorsque les théistes tentent de décrire la relation entre Dieu et la morale, ils doivent choisir entre volontarisme théologique et objectivisme robuste (le réalisme moral, en particulier). Selon la première option, les statuts moraux fondamentaux dépendent essentiellement des volontés contingentes, ou nécessaires, de Dieu. Selon la deuxième, Dieu agit en conformité avec un ordre moral objectif et nécessaire, en lui-même indépendant de sa volonté, comme il l’est de tout type de volonté ou de pro-attitude, au moins pour ce qui est des statuts moraux fondamentaux (et les propriétés morales sont conséquentielles aux propriétés non morales, sinon réductibles à elles). Ici nous argumentons en faveur de l’existence d’une troisième possibilité pour les théistes, refusant l’externalisme moral assumé par les deux premières options. Selon cette troisième option, on nie qu’objets, états de choses, actions ou personnes puissent posséder une valeur ou générer des obligations morales indépendamment de l’ensemble de nos pro-attitudes et des fins que nous sommes inclinés à poursuivre. Nous proposons, contre les objections réalistes en particulier, la défense d’une version universaliste (ou non relativiste) de cette position métaéthique, et tentons de montrer sa compatibilité avec le théisme classique : la théorie anti-objectiviste de la loi naturelle, selon laquelle les valeurs et les normes pertinentes pour nous dépendent de notre complexe motivationnel, en dépendant de nos inclinations universellement partagées et des fins (ou de la fin) en lesquelles (en laquelle) nous trouvons notre achèvement et notre bonheur. / According to the common version of the “Euthyphro dilemma”, it is generally considered that when theists try to describe the relation between God and morality, they must either opt for theological voluntarism or for hard objectivism (moral realism, in particular). According to the first option, fundamental moral statuses depend essentially on God’s contingent, or even necessary, will. According to the second, God acts in conformity to an objective (and necessary) moral order that is in itself independent of His will, as it is of any kind of pro-attitude, will or desire, at least for the most fundamental and prior moral statuses (and moral properties are consequential upon nonmoral ones, if not reducible to them). I argue here for the existence of a third possibility for theists, rejecting the metaethical externalism assumed by the first two options. According to this third option, it is not the case that objects, state of affairs, actions or persons can have value or generate obligations to us independently of all our pro-attitudes and of the ends we are inclined to pursue. I propose a defence, against realist objections in particular, of a universalist (or non relativist) version of that metaethical position and try to show its compatibility with classical theism : the anti-objectivist natural law theory, according to which values and norms relevant for us depend on our motivational set, depending on our – universally shared – natural inclinations or essential dispositions to love and pursue certain ends (or possibly one ultimate end) preferently to others, and to find our completion and happiness in them (in it).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016EPHE5078 |
Date | 03 December 2016 |
Creators | Lévi, Ide |
Contributors | Paris, EPHE, Boulnois, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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