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Des substantialisations pour la monnaie de banque centrale : une analyse de la scène des conférences de presse de la Banque centrale européenne / Some substantialisations for central bank money : an analysis of the scene of European Central Bank’s press conferences

Cette thèse vient étudier un certain nombre des jeux et enjeux imaginaires récupérables, aux XXème et XXIème siècles, dans des discours portant sur la monnaie en général et sur ce que l’on pourrait appeler la monnaie de banque centrale. En l’occurrence, la thèse se concentre sur des discours de cadres académiques et du milieu environnant les banques centrales, la Banque centrale européenne (BCE) en particulier. Parmi ces enjeux, la thèse vise à montrer comment un certain nombre de ces discours tentent de se doter d’une monnaie qui serait trace récupérable comme présence simple, tenant ensemble la rencontre impossible du frayage et du pur. Pour cette analyse, deux auteurs sont sollicités comme appuis heuristiques pour penser l’écriture et l’imaginaire : Derrida et sa référence à un retard originaire à l’oeuvre dans la scène de l’écriture (jeu de la trace) ; Castoriadis et sa référence au « phantasme » d’un tenir-ensemble se visant soi-même et fondé sur soi-même. Ces deux références constituent des tentatives théoriques en vue de résister à la logique de l’objet plein qui guette tout processus d’objectivation, à fortiori celui de la monnaie.La première partie travaille sur des renvois discursifs à l’oeuvre dans et autour de la pensée monétaire d’auteurs économistes mais également d’autres sciences sociales, des XXème et XXIème siècles et d’époques antérieures. La thèse pointe dans ces pensées une ambition émancipatrice qui pousse les imaginaires dans un mouvement double tenant-ensemble l’envie de désubstantialiser la conception de la monnaie et un mouvement inverse de (re)substantialisation, généralement refoulé comme tel. La deuxième partie est l’occasion de voir si et comment ces enjeux autour de la définition de la monnaie sont relancés, au tournant des XXème et XXIème siècles, dans les savoirs académiques environnant les banques centrales, dans les discours des gouverneurs de banques centrales, particulièrement de la BCE, et dans les commentaires de l’auditoire attentif de cette dernière. Il ressort comme résultat important que la BCE, par la scène de ses conférences de presse, anime un jeu : dans ce dernier, la « confusion » menaçant la monnaie qu’un certain discours économiste entend désigner et prétend lever n’est plus seulement le problème qui doit se résoudre dans la monnaie, mais cette dite « confusion » est également le recours qui assure dans la scène de l’écriture monétaire que se creuse un espacement entre front de scène et coulisse. Dans cet espacement, la BCE vient notamment énoncer pour son auditoire, toute une sociologie donnant consistance à une véridiction (Foucault) de l’économie et de la monnaie. Par cet espacement, la BCE attise l’idée qu’elle tient-ensemble frayage et pur dans/pour la monnaie. Frayage et pur n’ont jamais à se présenter ensemble sur le front de scène, ils sont pourtant toujours invités comme tenus-ensemble dans cette scène de l’écriture monétaire portée par les conférences de presse du président de la BCE. La BCE déploie un imaginaire qui ne cesse d’inaugurer la monnaie tout en demeurant dans l’horizon du pur. Instrumentaliser la différance (Derrida) qui travaille d’emblée la scène de ces conférences de presse en l’inscrivant dans l’horizon d’un pur permet à la BCE d’attiser, dans les commentaires de son auditoire attentif, le tournoiement d’un imaginaire peuplé par l’idée qu’à un moment il serait possible de clairement délimiter, pour la monnaie et pour l’économie, le possible de l’impossible, le vrai du faux, repoussant loin des regards et loin des débats le problème du retard originaire de l’écriture monétaire, repoussant loin des regards et loin des débats le problème du sans-fond de la valeur et de son monnayage. En maintenant le jeu de sa scène de l’écriture de la monnaie (substantialisation/désubstantialisation ; frayage/pur), la BCE s’assure ainsi que ne cesse pas le jeu par lequel elle se donne de la monnaie tout en effaçant l’horizon d’une telle transgression monétaire. / This thesis comes to study a number of imaginary plays and stakes recoverable, in the twentieth and twenty-first centuries, in speeches about money in general and what might be called the central bank money. In this case, the thesis focuses on discourses from academics and from central banks environment, European Central Bank’s (ECB) in particular.Among these stakes, the thesis aims to show how a certain number of these discourses aretrying to equip themselves with a money that would be a recoverable trace like a simple presence, holding together the impossible meeting of frayage and pur. For this analysis, two authors are solicited like heuristic supports to think the writing and the imaginary : Derridaand its reference to an origin’s delay at work in the scene of the writing (play of the trace) ; Castoriadis and his reference to the "phantasme" of a self-targeted and self-centered holdtogether. These two references constitute theoretical attempts to resist the logic of the full object that threatens every process of objectivation, a fortiori for that of money. The first part works on discursive references working in and around the monetary thought ofauthors from economics but also from other social sciences, from the twentieth and twenty first centuries and from more ancient times. In these thoughts, the thesis points out anemancipatory ambition that pushes the imaginary in a double movement holding-together the desire of désubstantialisation of the concept of money and a reverse movement of(re)substantialisation, usually repressed as such.In the second part, the thesis try to see if and how these stakes around the definition ofmoney are revived, at the turning point of the twentieth and twenty-first centuries, in the academic knowledge surrounding the central banks, in the speeches of the central banks governors, ECB in particular, and in the commentaries of ECB’s attentive audience. It emergesas an important result that the ECB, through the scene of its press conferences, facilitates and animates a game : in this latter, the « confusion » threatening the money, « confusion » that acertain economist discourse intends to designate and claims to be able to lift it, is not only the problem that must be solved in the money, but this so-called "confusion" is also the recourse which assures in the monetary writing scene that a gap between the front stage and the backstage is widening. In this spacing, the ECB comes to enunciate for its audience, a whole sociology giving consistency to a veridiction (Foucault) of the economy and the money. By this spacing, the ECB fuels the idea that it holds-together frayage and pur in / for the money.Frayage and pur never have to stand together on the front stage, yet they are always invitedlike held-together in this scene of monetary writing carried by the press conferences of the President of the ECB. The ECB deploys an imaginary that never stops inaugurating the moneywhile remaining in the horizon of pur.Using as a tool la différance (Derrida) that works immediately (d’emblée) in the scene of thesepress conferences by placing it on the horizon of pur allows the ECB to stir up, in its attentive audience’s commentaries, the whirling of an imaginary populated by the idea that at one timeit would be possible to clearly delimit, for the money and for the economy, the possible from the impossible, the true from the false, pushing away from the eyes and away from thedebates the problem of the origin’s delay of the monetary writing, pushing away from theeyes and away from the debates the problem of the bottomless of the value and of itscoinage. By maintaining the play of the scene of its money’s writing (substantialisation/désubstantialisation, frayage/ pur), the ECB thus ensures that the play, by which it gives itself money while erasing the horizon of such a monetary transgression, doesn’t stop.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCC172
Date26 June 2018
CreatorsTuffa, Vlaïllitch
ContributorsSorbonne Paris Cité, Boccara, Michel
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text, Image

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