André Gide fait du paysage une donnée cardinale de son oeuvre narrative. L’objet de cette thèse en trois parties est d’en étudier les causes, les enjeux et les modalités. La représentation de l’environnement naturel est fonction d’une coloration subjective qui tend à se maintenir, voire à s’accentuer, au fil des évolutions de l’auteur, surtout lors de son passage du symbolisme au naturisme. L’expérience de la libération du moi sensible coïncide avec l’intensification d’une relation aux éléments, auparavant filtrée par la référentialité littéraire et artistique.À l’instar de l’écrivain, les personnages établissent une interaction active avec le paysage, parfois jusqu’à nourrir un rapport « érotocosmologique ». En tout cas, cette attraction pour la nature participe d’une révolution du sujet qui connaît ainsi une forme de renaissance et de requalification. L’approche géopoétique, telle que Kenneth White l’a élaborée au croisement des disciplines, permet de mieux appréhender les tenants et les aboutissants d’une pareille mutation ontologique.Notre étude, mêlant pour finir les acquis de la critique thématique et les outils de la démarche stylistique, s’attache à déterminer les particularités de la description gidienne, qui joue si volontiers de la brièveté, de l’inachèvement et du morcellement. L’usage fréquent de la focalisation interne, associée au déplacement du personnage dans l’espace, confère à la description un facteur dynamique et un caractère polysensoriel. Dans ces conditions, la description du paysage, loin d’être décorative, remplit, dans le récit, des fonctions importantes (mimésique, symbolique, proleptique, ou encore causative). Elle se révèle toujours articulée au tempérament et à l’évolution du personnage. D’ailleurs, elle finit par déserter une oeuvre narrative qui tend à se déporter vers les questions sociales, en tentant l’aventure créatrice du romanesque. / André Gide makes landscape as a cardinal datum of his narrative work. The purpose of this three-part thesis is to study the causes, issues and modalities. The representation of the natural environment is a function of a subjective coloration that tends to be maintained or even accentuated, as the author evolves, especially during his passage from symbolism in nature. The experience of the liberation of the "I" coincides with the intensification of a relation to the elements, previously filtered by literary and artistic referentiality.Like the writer, the characters establish an active interaction with the landscape, sometimes to feed an "erotocosmological" relationship. In any case, this attraction for the nature participates a revolution of the subject which is thus a form of rebirth and requalification. The geopoetic approach, as elaborated by Kenneth White at the crossroads of disciplines, makes it possible to better understand of such ontological mutation.Our study, finally mixing the achievements of thematic criticism and the tools of the stylistic approach, sets out to determine the peculiarities of the Gidian description, which plays so willingly on brevity, incompleteness and fragmentation. The frequent use of internal focus, associated with the movement of the character in space, gives the description a dynamic factor and a polysensory character. In these conditions, the description of the landscape, far from being decorative, fulfills, in the narrative, important functions (mimesic, symbolic, proleptic, or even causative). It is always articulated to the temperament and evolution of the character.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018SACLV033 |
Date | 25 June 2018 |
Creators | Alikhani, Maryam |
Contributors | Université Paris-Saclay (ComUE), Linarès, Serge |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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