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Espaces, pratiques et transition dans l’organisation : une ethnographie en gares / Spaces, practices, and transition in organizations : an ethnography in railway stations

De plus en plus, les membres des organisations sont en situation de mobilité permanente. Ils téléphonent en marchant, font des réunions à distance, ou sont présents dans des espaces de travail partagés pour un temps limité. Les lieux de travail sont davantage traversés qu’ils sont occupés. La gare illustre parfaitement ces tendances autant spatiales que temporelles. La question empirique au cœur de cette thèse a émergée dans le contexte actuel de la SNCF qui refond largement l’espace de ses gares et repense en profondeur le rôle de ses agents. Elle le fait sur fond de digitalisation de ses activités historiques. Dans ce contexte, le cas des agents commerciaux représente un changement de paradigme, avec des pratiques de travail de plus en plus mobiles et « dé-fixées ». Cette mise en mouvement des agents se heurte à une conception historique qui envisage la gare comme un ensemble d’espaces fermés, fixes et stables dans leurs fonctions et leurs usages. Notre constat empirique rejoint un vide conceptuel : si la théorisation des espaces « entre-deux » s’est développée en théories des organisations, on en sait peu sur la manière dont la transition émerge dans les pratiques de travail. En effet, on connaît surtout le point de vue de ceux qui traversent ces espaces. On cherchera donc ici à éclairer le point de vue de ceux qui organisent ces transitions par leurs pratiques de travail. Dans notre thèse, nous pensons le caractère transitionnel de l’espace comme une expérience et un processus indissociables des pratiques de travail. Notre ethnographie porte sur plusieurs grandes gares en France. Elle est complétée par une longue observation-participante des directions centrales chez SNCF sur une durée de trois ans. Cette phase empirique nous a permis de mieux comprendre les métiers et les logiques d’aménagement des espaces. Nous avons analysé l’espace-temps au travers de trois pratiques-clés des agents commerciaux (la vente, l’information et l’embarquement). Nous centrons notre analyse sur les pratiques, en particulier leurs modes d’expressions corporelles, en adoptant une posture phénoménologique. Notre recherche démontre comment les pratiques sont performatives d’un espace-temps de transition. Pour que l’espace soit traversé, il nécessite des gestes qui sont autant de points de rencontres pour diriger, orienter, conseiller ou rassurer les voyageurs. Nous contribuons à la littérature en théories des organisations sur l’espace organisationnel et les pratiques corporelles en conceptualisant le rôle des gestes-frontières dans ces expériences comprenant des dimensions spatiales, temporelles, matérielles et corporelles. Nous proposons également des contributions stratégiques et managériales en insistant sur une logique de fluidité, recherchée dans les parcours des voyageurs en gare. / Organisations’ members are increasingly permanently moving. They talk on the phone while walking, they attend meeting remotely and they share coworking space for a limited period of time. People are increasingly navigating their workspace rather than settling in it. The train station is a perfect example of this spatial and temporal trend. Our empirical question emerged from our fieldwork at the SNCF, which is currently reshaping space within its stations, and deeply re-thinking the role of its field agents. This reorganisation takes place in a context of digitalisation of the organisation’s historic activities. In that regard, we are seeing a paradigm shift in the role of commercial agents, who now become increasingly mobile. Moving agents contrast with a common historical perception of train stations as an aggregation of areas which functions and uses are closed, fixed and stable. This empirical observation converges with a theoretical gap: despite an awareness for “in-between” spaces in organization studies, the literature has paid little attention to how these spaces are enacted through work practices. Indeed, this literature is still more focused on the experience of users and travellers in these spaces, rather than the laboring bodies which are producing space in their everyday work. In this doctoral work, we approach the transitional aspect of space as an experience and a process closely related to work practices. We conducted an ethnography around several French train stations and undertook participant observation of central management for three years at SNCF. This empirical work allows a better understanding of professions and space planning processes. We analyse space and time through commercial agents’ three key practices: sales, information and boarding. We focus on embodied practices, by adopting a phenomenological approach. This study sheds light on the ways practices create a transitional spacetime. In order to the space to be crossed, movements are needed. Those movements are like meeting points which direct, orient, advise or reassure travellers. We contribute to organization theories literature about organizational space and embodied practices by conceptualizing the role of boundaries-gestures in those experiences which encompass spatial, temporal, material and embodied dimensions. We also offer strategic and management contributions by enhancing our understanding of flow and logic required in traveller’s journey.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLED053
Date26 November 2018
CreatorsGrandazzi, Albane
ContributorsParis Sciences et Lettres, Vaujany, François-Xavier de
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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