Au cours des années 2000, les gouvernements britanniques néo-travaillistes de Tony Blair et Gordon Brown ont porté un projet de politique publique appelé «Carte carbone», consistant à instaurer des quotas individuels d’émissions pour les particuliers. Ce projet avait initialement été formulé en 1996 par des chercheurs écologistes qui, en s’inspirant des politiques de rationnement passées, ont contribué à faire émerger un nouveau référentiel d’action publique structuré par l’idée de la finitude du monde. La mise à l’agenda de ce projet par les néo-travaillistes a cependant été suivie d’un travail de réinterprétation des limites environnementales, tendant à mettre à distance l’idée de finitude pour mieux concilier la carte carbone avec le référentiel environnementaliste de la modernisation écologique. Ce travail d’interprétation s’est doublé d’un processus d’aménagement des limites environnementales, encore éloignées par la rencontre du macrosystème énergétique avec les instruments du nouveau management public. Au terme de ce processus, le report sine die de la carte carbone témoigne d’une nouvelle relégation des limites environnementales aux marges de l’action publique. L’étude sociologique de la trajectoire institutionnelle de ce projet d’action publique vise à nourrir une réflexion plus théorique sur les difficultés d’émergence d’un référentiel de la finitude au temps de la crise écologique globale. À la lumière des travaux de la sociologie environnementale, il s’agira de montrer comment les réflexions politiques sur le rationnement participent à la recherche d’autres modalités de gouvernement dans un monde fini. / During the 2000s, the British New Labour governments of Tony Blair and Gordon Brown have contemplated implementing a public policy called “Carbon card”, which consisted of allocating tradable emission rights to individuals. This project had originally been formulated in 1996 by green researchers who, drawing on past rationing policies, have contributed with this Carbon card to the emergence of a new public policy “référentiel” structured by the idea of ecological finiteness. Once agenda status was attained, however, this project was subjected to a reinterpretation of its environmental limits frame, that tended to relegate the idea of finitude, in an attempt to better conciliate the Carbon card with the ecological modernisation référentiel. This interpretation was coupled with a technical softening of environmental limits, still more relativized by the junction operated between the energy macrosystem and New Public Management-inspired policy instruments. At the outcome of this process, the indefinite postponement of the Carbon card reveals a renewed relegation of environmental limits to the margins of public action. The sociological study of the Carbon card’s institutional trajectory aims at feeding into a theoretical analysis of the obstacles to the emergence of a finitude référentiel, in a time of global ecological crisis. Drawing from environmental sociology, this work aims at showing that public policy research on rationing might contribute to investigating different ways of governing for a finite world.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA010540 |
Date | 05 December 2014 |
Creators | Szuba, Mathilde |
Contributors | Paris 1, Gras, Alain, Villalba, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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