Ce mémoire entend démontrer que le roman Cosmos de Witold Gombrowicz, interprété à la lumière du concept de sémiosis chez Peirce, met en scène un processus d'acquisition du savoir qui doit s'opérer à l'intérieur d'un signe imaginaire, l'icône. De ce fait, en tant qu'il est la représentation d'un sens réalisé au coeur de l'irrationnel, hors des cadres logiques et naturels, le roman crée un effet fantastique en jouant avec le statut réel ou irréel du sens produit. C'est pourquoi ce mémoire se propose également d'établir que Cosmos appartient au récit fantastique, dont l'effet est tributaire du mouvement sémiotique de la pensée accomplie dans l' hypoicône. La sémiosis apparaît dans le texte sous la forme d'une quête de signification, selon laquelle le narrateur s'efforce de construire la réalité chaotique qui constitue son univers. Ce mouvement, entre le chaos et l'organisation des signes, s'inscrit dans l'écriture à la façon d'un musement, à partir duquel s'instaure une sémiosis dont le déplacement s'effectue dans le champ de tension entre le doute et la croyance. Immergé dans un monde marqué par la perte de la transcendance (que cette perte concerne Dieu, le signe ou la Forme), le personnage est incapable de fonder à partir des phénomènes une connaissance objective du réel. C'est en plongeant sa conscience au coeur d'un imaginaire subjectif et intime qu'il parvient à fabriquer une signification fantastique de son microcosme, laquelle consiste en l'expression d'un désir innommable et non communicable. Repliée dans une conscience privée, cette image du désir ne trouve pas de lieu de partage et ne parvient donc pas à signifier sur le plan social. Enfin, la sémiosis accomplie dans l'hypoicône génère un effet fantastique, puisque ses indéterminations sont à l'origine de l'ambiguïté propre aux sentiments d'angoisse et d'étrangeté. Dans Cosmos, ces sentiments, dépourvus de surnaturels, se manifestent dans l'homme et le réel quotidiens, c'est-à-dire à partir d'une réalité normale sur laquelle on ne peut plus porter avec certitude un regard objectif. Le désir intime du personnage et son univers, animés du démoniaque gombrowiczéen, ouvrent le roman à l'inhumain et au surnaturel (interprété ici comme un au-delà du langage). À l'issue de notre réflexion, nous pouvons conclure que Cosmos illustre l'interdépendance nécessaire du savoir et de l'imaginaire, qu'il oppose d'un même geste en interrogeant la validité d'une connaissance acquise au sein d'un espace fantastique. Le savoir repose sur une logique de l'irrationnel et sur un désir intime qu'il tend à neutraliser, lesquels à leur tour discréditent cet acquis. L'hypoicône et le fantastique sont étroitement liés en ce qu'ils soustendent
un dépassement et un décentrement, dans l'imaginaire, des codes et des symboles sociaux. Ainsi dégagé de toute censure, leur mouvement rend possible, sur la scène de la représentation, l'expression de l'innommable et de l'inédit, grâce à laquelle la pensée et le savoir collectifs peuvent se renouveler. Somme toute, le roman établit qu'il n'y a pas de connaissance exempte d'imaginaire et de sensualité. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Icône, Imaginaire, Fantastique, Gombrowicz, Sémiotique.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1272 |
Date | January 2008 |
Creators | Soyeux, Alexandra |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/1272/ |
Page generated in 0.0024 seconds