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L'internationalisation de la fabrique de la ville, vers un produit politique : les investissements immobiliers des pays du Golfe au Caire / Internationalisation of contemporary Cairo's construction, a political product : real estate investments of Gulf countries in Cairo

La question de l'internationalisation des financements de la ville s'avère centrale pour comprendre le fonctionnement des marchés internationaux et l'évolution du rôle de l’État dans les modes de gouvernance urbaine. Elle se présente également comme une grille de lecture pertinente pour étudier les impacts sur la production urbaine des fonctionnements néolibéraux des pays en développement et de leur dépendance aux partenaires internationaux. Car l'un des enjeux de la financiarisation de la ville est celui du rôle des acteurs, notamment à travers les modes de gouvernance : lorsque l'équilibre des projets de développement urbain n'est pas garanti, qui sont les acteurs qui jouent le rôle de régulateurs? Comment le risque financier est-il distribué et absorbé, alors que le temps long entre vente et achat dans l'investissement immobilier fait exister deux temporalités différentes : celle de la finance globale, qui obéit à des logiques de court terme afin de dégager des marges de rentabilité rapides; et celle du construit urbain, davantage étalée dans le temps. Or, plus le temps de résolution du capital dans l'immobilier est long, plus le montant des valeurs excédentaires est bas. La question de la distinction entre secteur public et secteur privé est également centrale dans l'étude de ce sujet, puisque qu'elle renvoie à la signification du retrait de l’État de la gouvernance urbaine en tant que moyen pour donner davantage de pouvoir aux investisseurs privés. Étudier cette distinction est un moyen de comprendre quels sont les mécanismes de régulation et d'équilibre des marchés liés à la production de la ville. La fabrique du Caire avant et après le soulèvement populaire de 2011 dans la vague des Printemps Arabes est un laboratoire pertinent pour l'analyse de ces questionnements. Au Caire, les modes de gouvernance spécifiques basés sur l'accumulation des richesses par une élite ont été remis en question par la révolution de 2011. La succession des régimes transitoires et les nombreux procès qui ont visé les cessions de terrain frauduleuses par les hommes d'affaires les plus puissants du pays ont semblé être une avancée dans les revendications pour le droit à la ville des révolutionnaires. La lutte pour davantage de justice a provoqué une redéfinition de l'assabiya dirigeante, communauté d'acteurs publics et privés basée sur des liens de mariage et de sang. Mais elle n'a pas ébranlé le système néolibéral reposant sur les rouages de la corruption et du bakchich ainsi que sur la dépendance de la croissance égyptienne aux aides occidentales et régionales, bien au contraire. Le nouveau régime reproduit grâce à une main de fer le système néolibéral d'avant la révolution : enrichir un noyau d'acteurs privés faisant partie d'une élite proche du régime. Cette élite rassemble des proches de l'ancien régime de Moubarak, dont certains ont fait l'objet de sanctions post­révolution, appliquées, levées ou adoucies de manière arbitraire par l’État qui affirme ainsi son pouvoir sur la communauté d'acteurs privés. L'émergence de l'institution militaire comme pouvoir gouvernemental en apparence unitaire n'a pas remis en question la position d'un État centralisé, alors que les pays du Golfe sont devenus incontournables : ce sont des créanciers qu'il faudra rembourser, en liquide ou en nature, et leur poids dans l'économie égyptienne est croissant, en particulier dans le secteur immobilier. La fabrique du Caire semble s'orienter vers une urbanité exclusive et participe à la création d'un arrière-pays du Golf. [...] / The issue of internationalization of financial involvement in Cairo's urban environment is fundamental in understanding the increasing role that international actors play in the region. Additionally, it enables a clearer perception of the State's increasing role through directive urban governance and is also central to any analysis of recent development of the city's social geography. This broad perspective is also a key to understanding the impact of neoliberal policies in developing countries and their increased dependence on international partnerships for urban development. One of the main explanation factors of the financialization of the city's construction is the evolving role of its various actors, through changing governance modes: who are the actors of large-scale real estate, when the balance of urban development project is not secured? One way of addressing this issue is through the question: "how is the risk distributed and absorbed where there exists two timescales, because of the mismatch between selling and buying in real estate investment?" These are the temporality of global finance, which obeys short term logics to serve specific interests and the temporality of the urban fabric which is over a much longer period of time. The longer the period for real estate return on investment, the lower the amount of profit for the investor. Distinction (or the lack of) between public and private sector interests and motivations remains the key parameter, since it refers to the State's withdrawal for urban governance as a way to give more power to private investors. The complex interference between public and private sector is therefore part of the very definition of the city financialization. This study is a way to understand mechanisms of regulation and balance of the markets related to the city production. The urban production of Cairo, before and after the Arab Spring popular uprising of 2011 is also a highly meaningful laboratory to analyze mobilization against financialization of urban production. ln Cairo, specific governance based on wealth accumulation by elite had been called into question by the 2011 revolution. The succession of transitory regimes and the numerous trials targeting fraudulent sales of some of the most powerful businessmen of the country could be viewed as a progress, in citizen's right to the city, of the revolutionaries. The fight for more justice caused a redefinition of the ruling assabiya, a community of public and private actors related by blood or marriage. But it did not destroy the corruption-based system, nor the dependence of Egyptian growth on occidental and regional aids, quite to the contrary. The specificity of the Egyptian neoliberal system is based on refusal of the state to let the contractors take control and on the interference of the public elite in contractors' activities. The new regime replicates with a heavier hand, this system from before the revolution. This enriches a core of actors belonging to an elite close to the regime. [...]

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA01H100
Date03 November 2017
CreatorsSinno, Maïa
ContributorsParis 1, Denis, Éric
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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