L'écriture est un acte de coordination motrice entre les mouvements rythmiques des doigts et du poignet qui sont assimilables à des oscillateurs approximativement orthogonaux. L'hypothèse défendue dans cette thèse est que l'écriture, comme l'ensemble de la motricité rythmique, peut être étudiée comme un processus auto-organisé et qu'elle répond aux modèles d'oscillateurs couplés non linéaires. Cette approche dynamique de l'écriture a pour objectif d'identifier la dynamique de coordination spontanée de l'écriture sur laquelle repose la production de formes graphiques plus ou moins précises et stables ainsi que leur dégradation et leur changement en fonction des conditions dans lesquelles un individu écrit. Trois expériences ont été conduites afin de répondre à cet objectif. Afin d'identifier la dynamique spontanée, les participants ont produit 26 formes graphiques apparaissant sur une tablette digitale, qui correspondaient à des valeurs fixes de phase relative et d'amplitude relative entre les deux oscillateurs orthogonaux. Les résultats ont révélé que les participants adoptaient spontanément quatre patrons de coordination stables pour chaque tâche (i.e., 0°, 45°, 135°, 180°) correspondant à des traits et des ellipses dans différentes orientations. Ces patrons étaient caractérisés par de plus grande précision et stabilité temporelle ainsi que par une attraction des patrons adjacents : tous sont les signes identificateurs d'attracteurs. En se basant sur la stabilité différentielle de ces attracteurs, notre 2ième expérience a confirmé que sous une vitesse de mouvement élevée ou avec la main non dominante, les patrons les moins stables se déstabilisaient substantiellement, alors que les patrons les plus stables maintenaient un haut niveau de stabilité et de précision. Enfin, la 3ième étude a montré que les règles de passage entre les patrons stables étaient également sous l'égide de la dynamique de coordination spontanée. Comme tous les mouvements périodiques, la formation de patrons graphiques stables, leur co-articulation, ainsi que leur dégradation sont tributaires d'une dynamique de coordination sous jacente. Cette dynamique est celle d'oscillateurs couplés non linéaires, si bien que l'écriture pourrait être décrite par un nombre limité de variable(s) collective(s), en particulier la phase relative. Ces résultats ouvrent une porte pour comprendre la production d'écriture et faire des prédictions robustes concernant son acquisition et sa dégradation, un projet difficilement envisageable dans des modèles traditionnels de l'écriture.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00008545 |
Date | 29 November 2004 |
Creators | sallagoïty, isabelle |
Publisher | Université Paul Sabatier - Toulouse III |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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