Au delà de toute classification nosographique, il y a un caractère irréductible qui relie la dimension de l’habiter à l’humain, quelles qu’en soient ses conditions, sa structure. Parce qu’elle est intimement intriquée au corps et au langage, la question de l’habiter intéresse la psychanalyse qui, dès lors, se doit de l’envisager dans ses liens avec la folie et la norme. Que signifie habiter ? Quels territoires désigne ce verbe ? Quelles en sont ses frontières? Habiter a-t-il toujours pour horizon la constitution d’un espace circonscrit, d’un « chez-soi » ? En effet, le propre de l’exister humain n’est pas uniquement caractérisé par l’appropriation d’un territoire, par l’acquisition d’un espace privé, mais par le fait d’être toujours déjà exposé à son dehors. Nous habitons d’ailleurs ce paradoxe : chez-nous, c’est toujours hors de nous. Cet inconfort inhérent à tout habiter humain est à l’origine de nombreuses impasses cliniques dans les pratiques actuelles de réinsertion par le logement. Cette réflexion, au croisement de la philosophie, de la psychanalyse et des sciences sociales, veut questionner les frontières entre le dedans et le dehors, entre moi et l’autre, en pointant que l’habitation du sujet n’est jamais toute. « L’habitat-terrier » de Monsieur H, la « maison hantée » de Madame M et le « garde-meubles » de Monsieur C - trois déclinaisons cliniques de l’habiter - nous permettent de montrer comment l’inconscient et l’Unheimlich interrogent les catégories habituelles du familier, de l’intimité et de l’étranger. Ainsi, l’habiter ne saurait être pensé sans un rapport à la hantise. Plus précisément, ce que la hantise fait au lieu qu’on habite, c’est de lui autoriser un « hors-lieu », ce qui constitue l’essence même de l’opération psychanalytique. Dès lors, quelle serait une conception freudienne de la maison? Il s’agira de penser les modalités de l’habiter en les articulant aux questions de seuil, d’accueil et d’hospitalité, ceci afin de dégager une certaine « éthique de l’habiter ». / The bond between the questions of inhabiting and being is an inveterate one, beyond any nosographic considerations, regardless of the structure and the conditions surrounding each and every person. Inhabiting is intimately woven into the fabric of the body and of language, and is therefore of natural interest to psychoanalysis, which, in turn, is called upon to address its relationship to insanity and to the norm. What does inhabiting mean? Which territories does this term point at? What are its frontiers? Does inhabiting always pertain to a to well-defined space, of one’s own? Human existence is not only defined by the appropriation of territory, nor by the acquisition of private space, but also by the very fact of being constantly exposed to one's “outside”. Indeed, we dwell within this paradox: “our place” is forever outside of our selves. This discomfort, inherent to all human inhabiting, is at the heart of numerous clinical dead-ends, encountered by projects aiming at social inclusion through housing. Our study, at the crossroads of philosophy, psychoanalysis and social science, seeks to question the frontier between “inside” and “outside”, between myself and others, pointing out that inhabiting is never one and a whole. We will look at three clinical studies: M. H’s “burrow”, Ms. M’s “haunted house” and Mr. C’s “storage facility”. They will allow us to examine how the subconscious, and the Unheimlich put ill at ease the habitual categorization of familiarity, intimacy and the foreign. We will discover that inhabiting cannot be addressed unrelated to the concept of haunting. Indeed, it is the haunting which makes it possible for a situ to have its corresponding ex-situ, which is the very essence of the psychoanalytic process. What would then be a Freudian conception of the House? We will study the various modes of inhabiting as they pertain to the issues of the threshold, of welcoming and of hospitality, aiming at a definition of the Ethics of Inhabiting
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCC180 |
Date | 10 November 2018 |
Creators | Bley, Lucía |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Laufer, Laurie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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