Dans ce mémoire, nous voudrions démontrer que Spinoza n'est pas (contrairement aux idées toutes faites) un apologiste de la tolérance religieuse, car il juge que l'idée de tolérance appartient à une conception erronée de la religion. La tolérance religieuse est le fait de tolérer un mal: l'hérésie. Cette idée repose donc sur le préjugé que la religion a pour fonction d'unifier les hommes autour de croyances orthodoxes. Or, pour Spinoza, les représentations religieuses sont nécessairement hétérodoxes puisqu'elles dépendent partiellement de l'imaginaire individuel. De plus, la religion n'est pas un discours visant à répondre à des questions théoriques. Son objectif est plutôt d'unifier le corps social en instituant des normes intersubjectives. Spinoza établit également une corrélation directe entre les conflits religieux et cette mécompréhension du phénomène religieux. En faisant miroiter l'idéal d'orthodoxie, les théologiens ont détourné la religion de son véritable objectif, qui est de soumettre les hommes à des règles imaginaires dans un but politique. Le premier chapitre contient une analyse de l'épistémologie spinoziste. Nous y comparons la pensée rationnelle et la croyance, et tirons la conclusion que cette dernière est nécessairement multiple, thèse qui contribue à la réflexion sur la nature et la fonction de la croyance religieuse qui fait l'objet du troisième chapitre. Le deuxième chapitre vise avant tout à expliquer pourquoi l'idée de tolérance est absente dans l'Éthique de Spinoza. Nous y présentons les critiques des dogmes fondamentaux qui entourent la question du salut, laquelle est au coeur du débat sur la tolérance. Nous abordons principalement les critiques spinozistes du libre-arbitre, du péché originel et de l'immortalité de l'âme.
Le troisième chapitre porte essentiellement sur la pensée politique de Spinoza. Nous y abordons le rôle pratique de la religion et de l'imagination, ainsi que la question du rapport entre le théologique et le politique. Nous mettons notamment en lumière le fait que la constitution d'une Église orthodoxe nuit considérablement à la puissance de l'État. Le dernier chapitre présente le combat qu'a livré Spinoza contre l'idéal d'orthodoxie religieuse. Nous exposons les grandes lignes de sa méthode d'interprétation de l'Écriture et les conclusions qu'il tire de sa lecture de la Bible quant à la fonction, au contenu et à l'autorité politique de la religion. Notre principal objectif est d'étudier à nouveaux frais, de façon aussi détaillée que possible, la contribution historique et philosophique de Spinoza à propos de l'idée de tolérance, en nous appuyant sur les textes eux-mêmes. Nous croyons que ses réflexions sont toujours actuelles et qu'elles peuvent nous éclairer sur le rôle et les responsabilités de l'État de droit moderne en ce qui concerne les pratiques religieuses. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Spinoza, Tolérance, Politique, Religion et Herméneutique.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2583 |
Date | January 2010 |
Creators | Simard Delisle, Guillaume |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2583/ |
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