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Entre passion et raison : une histoire du collectionnement privé à Montréal (1850-1910)

Cette thèse porte sur la culture de la collection en tant que fait social. Elle étudie d’abord les discours tenus par les collectionneurs et les regroupements de collectionneurs à propos de leur pratique. Cet examen révèle les motivations qui justifient socialement un geste essentiellement individualiste en le rattachant à des bénéfices collectifs : bonification de la connaissance historique, construction de l’identité nationale, éducation citoyenne. Les collectionneurs propagent une vision utilitaire de leur activité, rationalisant un passe-temps qui a mauvaise presse. L’analyse permet aussi de mettre au jour les caractéristiques qui fondent l’image du praticien idéal et les critères de valorisation de la collection particulière et des éléments qui la composent. La thèse envisage également le collectionnement comme pratique et démontre que collectionner consiste à poser une série de gestes qui peuvent être regroupés en trois catégories d’actions principales : l’acquisition, la gestion et la diffusion. Elle décrit comment et auprès de qui les collectionneurs acquièrent les objets et révèle l’importance des réseaux locaux et internationaux de transactions. Elle met ensuite en évidence les soins apportés aux objets dans le cadre de la gestion de la collection : préparation, nettoyage, accrochage, rangement, classement, inventaire et catalogage. Elle établit finalement que la monstration s’effectue à différentes occasions et sous diverses formes devant un public choisi.

La thèse propose une histoire culturelle de la pratique de la collection, et non une étude des collections. Les objets accumulés et classés (monnaies, médailles, timbres, artefacts amérindiens, objets archéologiques, œuvres et objets d’art, autographes, livres, documents anciens, spécimens d’histoire naturelle) ne sont pas considérés en eux-mêmes mais comme production d’une démarche qui est la matière véritable de la recherche. Elle présente une lecture critique du collectionnement et appréhende les aspirations, les croyances, les valeurs, les représentations des collectionneurs. Car collectionner est une façon d’organiser l’univers et la collection traduit, par les choix opérés dans la sélection de pièces et leur ordonnancement, une manière de voir le monde et de le comprendre. La pratique ainsi considérée est une voie permettant d’étudier la sociabilité masculine, la signification de notions telle que la virilité ou la nation, et l’importance faite à l’histoire, à la science et à l’éducation publique. / This dissertation focuses on the culture of collecting as a social act. It begins by studying the discourse held by individual collectors and groups of collectors pertaining to their collecting practices. This examination reveals the motivations that justify the social importance of an essentially individualistic act, by connecting it to various collective benefits such as furthering historical knowledge, building national identity, and civic education. The collectors propagate a utilitarian vision of their activities, and rationalize a hobby that is often negatively perceived. This analysis exposes the characteristics that compose the image of an ideal practitioner, as well as the criteria established to determine the status of private collections and their components. The dissertation also considers collecting as a practice, and demonstrates that collecting consists of a series of acts that can be grouped into three main categories: acquiring, managing, and disseminating. It describes how, and from whom collectors acquired objects, and reveals the importance of local and international networks of transaction. It then highlights the care given to objects in the area of collection management: preparing, cleaning, hanging, storing, classifying, inventory, and cataloguing. Finally, it establishes the particular forms, occasions, and public to which collections are exhibited.

The dissertation does not consist of a study of collections, but instead puts forward a cultural history of the practice of collecting. The objects amassed and classified (coins, medallions, stamps, aboriginal artefacts, archeological objects, works of art, autographs, books, rare documents, natural history specimens) are not considered in themselves, but rather as the product of a process that is the true subject of this research. It presents a critical reading of collecting and seeks to understand the aspirations, beliefs, values and representations of collectors, for collecting is a way to organize the world, and thus the collection reveals, through the choices made in the selection of pieces and the order in which they are placed, a way to see and understand this world. The practice of collecting is considered as a way in which to study male sociability, the significance of notions such as virility or the nation, and the importance given to history, sciences, and civic education.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/18363
Date12 1900
CreatorsTruchon, Caroline
ContributorsHubert, Ollivier
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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