L’idée d’exceptionnalisme américain a fait l’objet d’une attention particulière depuis le début des années 1990. Souvent décriée, parfois louée mais généralement réifiée, elle est devenue un concept déterministe au service d’une lecture linéaire de l’histoire des États-Unis depuis l’indépendance. La nécessité de déconstruire cette invariance simplificatrice et d’étudier l’exceptionnalisme comme une production sociale évoluant dans le temps en fonction de son contexte national et international est à l’origine de ce travail. L’exception américaine ne peut, en effet, être pensée uniquement à partir du national tant elle répond à des représentations conjuguées de Soi et de l’Autre. À la charnière entre le national et l’international, la politique étrangère est donc un poste d’observation privilégié de la construction de ce trait identitaire américain. L’ambition de cette thèse est de confronter le concept d’exceptionnalisme aux sources afin de mieux comprendre ce qu’il signifie pour nos acteurs et de mesurer son impact sur la politique étrangère des États-Unis durant les années d’après Guerre froide. Face à l’évolution du système international, la puissance nordaméricaine redéfinit, en effet, son rôle et son engagement extérieur. Après un XXe siècle marqué par des affrontements idéologiques globaux, les États-Unis se posaient en champion d’un nouvel ordre international garant de l’universalisation des valeurs démocratiques et libérales. Profondément moral, ce positionnement justifiait alors l’engagement des États-Unis dans une nouvelle lutte entre la modernité et le fanatisme à la fin des années 1990 avant d’être discrédité par l’enlisement militaire en Afghanistan et en Irak. Le changement de paradigme de la seconde moitié des années 2000 minimisait alors l’impact de la représentation exceptionnelle du Soi américain sur la définition de la politique étrangère. / The idea of American exceptionalism has been the subject of many studies since the beginning of the 1990s. Usually criticized, sometimes praised but generally reified, it became a determinist concept creating a linear perspective of U.S. history since the Independence. Also, the necessity to question this simplistic invariance and to study exceptionalism as a social production evolving with its national and its international contexts is at the origin of this project. Also, this American exception cannot be considered only through a national prism since it mixes representations of the Self and the Other. Between domestic and global affairs, foreign policy, then, represents an excellent observation point of the construction of this American identity feature. The purpose of this dissertation is to question the concept of exceptionalism through the analyze of primary sources in order to have a better understanding of its meaning for the actors and to evaluate its impact on U.S. foreign policy during the post-Cold War years. Indeed, the North-American power had to redefine its international role and engagement whereas the international system knew a dramatic evolution. After a 20th century marked by global ideological conflicts, the United States championed a new world order standing for the universalization of liberal and democratic values. This deeply moral position, then, justified the U.S. engagement in a new fight between modernity and fanaticism at the end of the 1990s before its discredit in the wake of the military stalemates in Afghanistan and Iraq. The change of paradigm during the late 2000s also minimized the impact of the exceptional representation of the American Self on the making of U.S. foreign policy.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA010638 |
Date | 27 November 2014 |
Creators | Le Chaffotec, Boris |
Contributors | Paris 1, Frank, Robert |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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