À la croisée des études historiques et linguistiques, cette recherche vise à saisir le fonctionnement du langage et des langues dans les inscriptions médiévales, en tant qu'institution et pratique sociale, angle sous lequel elles n'avaient jamais été abordées. Les méthodes sociolinguistiques et d'analyse de discours y sont privilégiées pour traiter un corpus de 678 textes épigraphiques des XIIe-XIVe siècles de l'Ouest de la France. Les inscriptions sont un moyen de communication écrite avec un but de conservation de la mémoire et de transmission de l'information au public large, prenant place dans un matériau le plus souvent durable. À cette fin, elles utilisent des moyens langagiers et graphiques (des codes) qui leur sont propres et qui permettent de parler d'un « discours épigraphique ». Ces codes sont la brièveté, l'emploi des formules, des déictiques et l'usage des majuscules. En parallèle, le discours épigraphique a recours aux éléments de la rhétorique, montre une recherche esthétique et élabore une pragmatique. Au cours des XIIe- XIVe siècles, ce discours, jusque là en latin, accueille la langue romane, comme les autres sources écrites. Cette période est un « tuilage », car les deux langues cohabitent. Le français apparaît d'abord dans des mots isolés, puis à l'échelle de textes entiers, selon des chronologies variables suivant les régions. Ce changement linguistique est dû à de nouveaux acteurs de la communication, plus nombreux et plus diversifiés : les laïcs. Par l'entremise des inscriptions, le français pénètre publiquement et durablement dans des espaces où il n'était qu'oral, ceux de la sphère religieuse, et modifie ainsi son statut sociolinguistique. / This dissertation examines twelfth-to-fourteenth-century inscriptions in the west of France in order to understand how language was used, both as an institution and as social practice. The theoretic background is drawn from linguistic trends such as discourse analysis and sociolinguistics, and as a result, it is situated at the intersection of history and linguistics. Inscriptions, as a form of written communication, present durable messages preserved in stone, glass, metal, wood... These epigraphic messages use specific linguistic and graphic means (codes) that may be understood as a type of "epigraphic discourse." The codes consist of brevity, formulae, deictic words, and the use of capital letters. At the same time, the authors of inscriptions demonstrate an aesthetic and pragmatic use of rhetorical figures. Latin is the predominant language. However, a few noteworthy examples of inscriptions in French begin to appear in the twelfth century. The use of French for inscriptions becomes a widespread phenomenon from the second half of the thirteenth century onwards, but Latin does not disappear. At first, only a few words of an inscription are in French. Then, the vernacular is used for the entire text. This linguistic shift from Latin to French suggests the introduction of new actors in written communication: lay people. As the use of French for inscriptions increased, vernacular epigraphic texts begin to appear in ecclesiastical spaces, where the vernacular had only been used orally. Epigraphy allowed for sustainable exhibition of the vernacular language and, thus, provided French with a prestige that increased the language's perceived sociolinguistic status.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013POIT5016 |
Date | 29 March 2013 |
Creators | Ingrand-Varenne, Estelle |
Contributors | Poitiers, Treffort, Cécile, Pignatelli, Cinzia |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image, StillImage |
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