Cette étude montre comment une production polygraphique du début du XVIIe siècle (celle de Guillaume Colletet, 1616-1658), dont la forme résulte de contraintes extérieures à des motivations proprement littéraires (facteurs socio-économiques, effritement du savoir humaniste au profit d’une culture mondaine ascendante), transcende l’éclatement qui lui est imposé en instrumentalisant la polygraphie comme un levier d’expérimentation littéraire. Dans ce creuset polygraphique, les différents textes ainsi que les grands pôles de la production (poésie, traduction, théorie), qui auraient dû rester hétérogènes, sont consciencieusement mis en relation dans un dialogue fécond. De sorte que, dans un mouvement réflexif et autocritique permanent, pratique et théorie, en interaction perpétuelle, s’entremêlent, en même temps que l’œuvre n’en finit plus de se réécrire. Ce faisant, s’élabore un va et vient dialectique, ciment des différentes productions, les constituant de facto en Œuvre. Mais bien plus, étant elle-même mouvement de reprise permanent, elle incite à replacer, au-delà d’elle, toutes les œuvres dans le temps progressif de leur fabrication et plus généralement dans l’histoire, ouvrant la porte à l’écriture d’une Histoire littéraire critique éminemment moderne. Un tel exemple incite à terme à ouvrir une réflexion de l’ordre de la philosophie de l’art : quelles sont les conséquences sur la conception du Beau d’une œuvre qui ne se pense plus comme un monument, mais comme un mouvement ? / With this study, I’ve tried to show how a polygraphic production from the early seventeenth century (the work of Guillaume Colletet, 1616-1658), shaped by non literary motives (such as social and economic factors, and the crumbling of a humanist knowledge benefitting the rising of society life), can transcend the fragmentation imposed, and this by using polygraphy as a lever for literary experimentation. In this polygraphic melting-pot, the various texts, as well as the main fields of production (poetry, translation, theory), which should have remained heterogeneous, are conscientiously related in a fertile dialogue. As a consequence, theory and practice mingle in constant interaction, in a permanent reflexive and self-criticising movement. Meanwhile, the work never stops re-writing itself. By doing so, a dialectic movement to and fro is created, holding together the various productions, and de facto making them a Work of art. Even more, as it is a movement of permanent recreation, this work prompts us to put back, not only this particular work, but also all the works of art, in their context, i.e in the gradual time of their elaboration, and more generally speaking in history. This paves the way for the elaboration of a critical literary history which is eminently modern. Enventually, such an example leads us to start a reflection in the field of the philosophy of art : what are the consequences on the idea of the Beautiful of a work which is no longer to be thought about as a monument, but as a movement?
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012TOU20089 |
Date | 21 September 2012 |
Creators | Biedma, Sabine |
Contributors | Toulouse 2, Népote-Desmarres, Fanny |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0016 seconds