Cette thèse s’intéresse aux Histoires de l’Église françaises et allemandes du XIXe siècle (1801-1914) destinées aux futurs prêtres ou pasteurs amenés à fréquenter les lieux de formation théologique. Le choix d’un double prisme de comparaison – bi-confessionnel (catholique et protestant) et binational (français et allemand) permet de s’interroger sur la dimension identitaire de l’historiographie ecclésiastique et de déterminer quelle appropriation ou instrumentalisation est faite de l’histoire de l’Église. La différence principale entre auteurs catholiques allemands et français tient à leur formation – les premiers évoluant surtout dans les facultés de théologie étatiques, les deuxièmes étant formés dans les grands séminaires – qui influe sur la conception des manuels. L’évocation d’ennemis de l’Église, davantage rhétorique dans la première moitié du siècle, se concrétise dans la deuxième moitié du siècle sous l’influence des conflits entre l’État et l’Église (lois scolaires en France, Kulturkampf en Allemagne). Dans l’étude thématique et le traitement de sujets sensibles, au-delà de la dimension érudite de certaines controverses, apparaissent des enjeux ecclésiastiques ou politiques de l’histoire de l’Église (notamment dans le contexte du Concile de Vatican I). Il ressort de l’étude de plusieurs épisodes de l’Église ancienne qu’auteurs catholiques et protestants n’achoppent pas sur les mêmes épisodes, car la signification ou le poids de l’Antiquité tardive n’est pas le même selon les confessions. La justification et l’explication de la conduite des évêques de Rome, comme Libère et Honorius par exemple, importent à la plupart des auteurs catholiques, nombreux à fustiger l’instrumentalisation du sujet par les adversaires de l’Église contrairement à leurs homologues protestants. Le contrôle du discours historique produit par le clergé catholique doit être vu comme une interaction de plusieurs dynamiques : contrôle des autorités ecclésiastiques en amont et en aval de la publication (exemplarité de quelques cas de livres censurés par la Congrégation de l’Index), implication des maisons d’éditions qui reproduisent les traces du contrôle ecclésiastique comme des garants d’orthodoxie, réception par la presse. / This study is based on French and German church histories of the 19th century (1801-1914) used by future priests or pastors in context of their theological education. By choosing a double prism for comparison - bi-confessional (Catholic and Protestant) and bi-national (French and German), the study focuses on the identity dimension and instrumentalization of ecclesiastical historiography and church history. The main difference between German and French Catholic authors is due to their educational training. While most German authors study in state faculties of theology, their French counterparts mostly study in seminaries and this difference influences the conception of the textbooks. During the first half of the century authors invoke so-called 'enemies of the church' mostly in a rhetorical way but during the second half of the century these invocations take on a more concrete character in context of state-church conflicts such as the school laws in France or the Kulturkampf in Germany. The content analysis did not only reveal controversies among scholars. In context of the First Vatican Council for example some controversies of history have a political or religious dimension as well.It emerges from the study of the chapters dedicated to the history of the ancient church that Catholic and Protestant authors are not always concerned about the same topics. Depending on the confession, the significance and the force of what we now call Late Antiquity is not the same.While this is not a priority for Protestant authors, most of their Catholic counterparts feel the need to justify and/or explain the actions of bishops of Rome such as Liberius or Honorius for example, or to insist on the instrumentalization of the topic by enemies of the church. The control of historical discourse produced by Catholic clergymen is to be understood as an interaction of several dynamics: control by the church authorities before and after a book is published (with exemplary censorship of certain books by the Congregation of the Index), publishing houses using ecclesiastical control to prove the orthodoxy of their books and reception by the press.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015MON30072 |
Date | 12 November 2015 |
Creators | Schneider, Hannah |
Contributors | Montpellier 3, Amalvi, Christian |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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