Au XVIe siècle, Londres est soumis à plusieurs mouvements de grande ampleur. La croissance démographique de la ville, fondée sur des flux migratoires de personnes jeunes et parfois pauvres, est sans précédent, de même que le développement économique de la ville. À cela s’ajoute le passage à la réforme, initié par les souverains Tudor à partir des années 1525-1530. Dans un tel contexte, on doit s’interroger sur deux mouvements parallèles qui affectent alors Londres : le nombre et la qualité des cérémonies publiques (entrées royales, spectacles civiques pour l’élection du Lord maire) ne cesse de croître alors que se développe une abondante et inédite offre en spectacles payants (théâtre, combats d’animaux, escrime…). Si un certain nombre de travaux se sont interrogés sur les connexions possibles entre les mutations que connait Londres et la prise d’importance des spectacles publics, peu d’études ont été consacrées à la comparaison des deux types de spectacles d’un point de vue politique, économique, social et culturel.Une telle comparaison révèle l’importance des spectacles dans la fabrique d’une société londonienne animée de grandes mutations. Tout d’abord, les cérémonies sont l’occasion pour les magistrats de Londres d’élaborer un discours théorique sur un gouvernement idéal au service du « bien commun » du corps civique. Mais les magistrats entendent le réaliser pratiquement, en optant pour un mode d’organisation et de financement qui fait participer toutes les institutions et un maximum de Londoniens à un même idéal civique. Ensuite, les spectacles payants, qui se plient à des contraintes économiques, politiques et religieuses, contribuent également à la fabrique sociale du Londres Tudor. La monarchie et les différentes institutions londoniennes considèrent que la fréquentation des spectacles comme un « honnête divertissement », qui contribue au maintien de la paix sociale dans Londres. Une étude précise des acteurs dans ces différents spectacles montre que ce sont les mêmes « spécialistes » du spectacle qui participent aux cérémonies et donnent des représentations payantes dans Londres.Toutefois, dans le dernier tiers du XVIe siècle, ce modus vivendi se fissure. Alors que la situation financière de Londres se dégrade, les cérémonies deviennent un objet de discorde entre institutions et au sein des institutions civiques. Parallèlement, les spectacles publics échappent en partie au contrôle du pouvoir, révélant le manque de coopération entre les différents acteurs institutionnels. La municipalité semble dès lors considérer les spectacles plus comme un danger pour l’ordre public que comme un moyen de l’assurer. / Sixteenth-century London underwent three important transformations. First, a dramatic demographic expansion was due to the arrival of thousands of young migrants, often poor, who settled every year in the city. Second, under the Tudor dynasty, London became the economic center of England, and the number of prosperous Londoners soared. Finally, Henry VIII initiated a process of religious reformation.From 1533, a growing number of expensive ceremonies (royal entries and civic spectacles) were organized by London authorities. In the same way, public representations of drama, bear baiting or fencers prizes are more and more numerous. This thesis would like to investigate the link between the economic, political and religious transformations and the development of a market-economy of spectacles in London.The study of the people involved in the organization of the ceremonies reveals that they are the same than those that give public representations in London and private spectacles at the royal court.Comparing ceremonies and public recreations demonstrates that, from Henri VIII to Elizabeth I, spectacles played a major role in the social integration of migrants in the urban society. On one hand, ceremonies were the occasion for London magistrates to elaborate new civic rhetoric and ideology in which the common wealth was the core value. For civic magistrates and corporations officers, the common wealth was not simply a set of discourses, it had to be achieved through the organization and the funding of the ceremonies. On the other hand, public spectacles which were constrained by economic, religious and political imperatives, contributed to the same civic integration. The Privy Council and the London institutions considered public spectacles as a form of “honest recreation” that should be encouraged. The existence of such cheap spectacles was thought to be useful to maintain the public order in an ever growing metropolis. In the 1580-1590’s, the modus vivendi surrounding spectacles was broken. The dire economic and financial situation of the city created some tensions regarding funding of ceremonies in the London institutions among the members, and between the monarchy and the City. The public spectacles became also a problem, because livery companies and parish vestries refused to collaborate with the civic magistrates. For the City fathers, the public spectacles were becoming a menace more a menace that an asset in the effort to enforce social order.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA040185 |
Date | 29 June 2011 |
Creators | Spina, Olivier |
Contributors | Paris 4, Crouzet, Denis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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