Ce travail analyse le rôle fondamental du royaume arthurien dans le récit breton du XIIe siècle. Ce lieu soulève des problématiques relatives aux fonctions de la souveraineté et tend vers la définition d’un idéal qu’on appellera « eutopique ».L’étude repose sur l’hypothèse de l’existence de deux « domaines » arthuriens qui donnent aux textes leur polarité fondamentale : le domaine courtois d’une part, qui se caractérise par une emprise masculine, celle d’Arthur, et le domaine merveilleux qui est davantage marqué par des figures féminines, souvent féeriques. Ce dernier domaine figure un envers symbolique du domaine d’origine du héros dont le parcours met en lumière une tension dialectique féconde. En effet, l’aventure le conduit du domaine courtois au domaine merveilleux, pour le ramener à la fin à la cour d’Arthur. Or ce retour ne signifie pas une régression au point de départ, mais implique au contraire la définition d’un nouvel espace, à la fois concret et idéal, à la tête duquel le héros, désormais investi de la fonction royale, règnera en assurant le bien-être de sa communauté. Ce troisième lieu est donc distinct du domaine courtois originel et en propose une variante régénérée. Le nouveau royaume qui émerge à l’issue de l’aventure chevaleresque peut ainsi être appelé « eutopique ». C’est le lieu de la construction d’un idéal humble, assurant la satisfaction des besoins humains les plus simples : l’abondance alimentaire, et de manière générale la réparation de toutes les « mauvaises coutumes » que le roi fatigué a laissé s’installer. Il se situe donc aussi aux antipodes d’idéaux plus abstraits pour poser cette aspiration simple d’une vie à mesure humaine. / This thesis analyses the fundamental role of the Arthurian kingdom in the Arthurian narrative of the twelfth century. This place raises issues related to the functions of sovereignty and tends towards the definition of an ideal that will be called « eutopic ».The study is based on the hypothesis of the existence of two Arthurian « domains » which give to the texts their fundamental polarity: on the one hand, there is the courteous domain, which is characterized by a male authority, that of Arthur, and on the other hand, the marvelous domain is comprised of fairy feminine figures. The marvelous domain is a symbolic reverse of the hero’s original domain, whose path highlights a dialectical tension. Indeed, the adventure leads him from the courteous domain to the marvelous one, to bring him back at the end to Arthur’s court. This return does not mean a regression to the starting point, but on the contrary implies the definition of a new space, both concrete and ideal, at the head of which the hero, now invested with the royal function, will reign by ensuring the well-being of his community. Therefore, this third place is distinct from the original courteous domain and proposes a regenerated variant. The new kingdom that emerges at the end of the chivalrous adventure can thus be called « eutopic ». It is a place for the construction of a humble ideal, ensuring the satisfaction of the simplest human needs: the abundance of, and more generally the restoration of all the « bad customs » that the tired king let settle down. It is the antithesis of more abstract ideals to pose this simple aspiration of human scale life.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019REIML007 |
Date | 07 October 2019 |
Creators | Verdon, Flore |
Contributors | Reims, Ueltschi, Karin |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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