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Figures de l'homosexualité dans le cinéma polonais contemporain

L’entrée de la Pologne dans l’Union européenne, en 2004, a coïncidé avec une plus grande visibilité de figures de l’homosexualité dans la société et au cinéma. Avant les années 2000, en effet, les personnes associées aux minorités sexuelles – et leurs représentations fictionnelles – se pliaient davantage à des conventions sociales et esthétiques (rester à l’écart ou ne pas rendre visible son orientation sexuelle). Comme l’écrit Robert Biedroń, depuis cette entrée dans l’Union européenne, le « discours entourant l’homosexualité s’[est] inscrit [...] dans la dispute contemporaine qui a cours [dans la société polonaise] au sujet des valeurs en général », qu’il s’agisse de la reconnaissance des minorités sexuelles, du droit à l’avortement ou de l’ouverture à l’immigration. Puisque les productions culturelles de toutes sortes témoignent de leurs relations à la société et aux idéologies, on peut s’interroger sur les manières dont certains films de fiction récents s’inscrivent dans le dialogue socioculturel auquel la Pologne se prête à propos de l’homosexualité. Nous avons retenu les œuvres suivantes : Au nom de... (W imię..., 2013), Ligne d’eau (Płynące wieżowce, 2013), La Chambre des suicidés (Sala samobójców, 2011), Les amants de Marone (Kochankowie z Marony, 2005), Somnolence (Senność, 2008) et Dissimulation (W ukryciu, 2013). La notion de « figure », annoncée par le titre, se présente sous les traits de personnages que ces films mettent en récit sous le mode fictionnel. Certains « aspects » de la figure aident particulièrement à réfléchir aux rapports qu’entretiennent la fiction et la réalité. Ils incitent à concevoir que l’homosexualité et des personnages peuvent agir comme des connecteurs entre les propositions apparemment ludiques de films et des réalités sociales et des idéologies. Ces aspects sont les suivants : l’histoire, la société, l’imaginaire et l’espace. L’histoire implique des références au passé (ou l’absence significative de telles références), que des personnages sont susceptibles de pointer. Leurs comportements indiquent aussi des processus qui assurent le fonctionnement collectif ou social. L’identité des personnages se prolonge imaginairement par les types qu’ils représentent (ou dont ils s’écartent), et elle implique des valeurs qui servent à la définir. L’espace, quant à lui, est le support même des jeux fictionnels auxquels les films se prêtent. Des figures historiques, sociales et imaginaires en forment le relief. En plus, les films invitent à considérer certains « concepts » dont l’identité, l’étrangéité, la persona tisation et l’hospitalité (qui supposent un rapport à soi et à autrui, rapport qui est au cœur des préoccupations actuelles en Pologne et ailleurs) ; le romantisme et le positivisme (des paradigmes susceptibles d’être transformés par les événements historiques et les œuvres qui les interprètent) ; la manifesteté et la mutualité (qui proposent des modes pour renouveler en fiction le désir homosexuel hors de champs plus restreints) ; l’actualité et la virtualité (les rapports de l’identité au vrai et au faux, à l’authenticité et à la feintise), etc. Ces concepts guident la lecture des films et de leurs figures. Enfin, des « thèmes », motifs ou, comme y songeait Pierre Sorlin, des « points de fixation » émergent des films : nature et ville, virilité/masculinité, nudité/érotisme, couple hétérosexuel, famille, religion/foi, collectivité, communication. À tout prendre, une certaine tradition du cinéma polonais semble continuer de porter ses fruits : ce cinéma demeure, à travers les « petits » récits contemporains, une manière privilégiée de réexaminer certaines certitudes idéologiques. / The integration of Poland into the European Union in 2004 coincided with an increased visibility of gay figures in society and in cinema. Before the 2000s, sexual minorities—and their fictional representations—were more inclined to correspond to certain social and aesthetic conventions of their time (to step aside or abstain from making their sexual orientation known or visible). As Robert Biedroń writes, since the country’s integration into the European Union, “the discourse surrounding homosexuality [is] included in [Polish society’s] contemporary dispute regarding the subject of values in general”, whether this dispute concerns the recognition of sexual minorities, the right to abortion or the openness to immigration. Since it is usually agreed that cultural products of all kinds bear witness to their own relations with society and its ideologies, it is possible to question the ways in which certain recent fictional films are part of Poland’s sociocultural dialogue about homosexuality. We have selected the following works: In the Name of (W imię..., 2013), Floating Skyscrapers (Płynące wieżowce, 2013), Suicide Room (Sala samobójców, 2011), The Lovers of Marona (Kochankowie z Marony, 2005), Drowsiness (Senność, 2008) and In Hiding (W ukryciu, 2013). The notion of “figure”, announced by the title, is presented in the guise of certain characters that these films put into narrative and fiction. Certain “aspects” of the figure help to consider the relationship between fiction and reality. They compel us to conceive of homosexuality and certain characters as connectors between the fictional propositions of films and a number of social realities and ideologies. These aspects are: history, society, imaginary and space. History implies certain references to the past (or the notable absence of certain references), which fictional characters are likely to point to. Their behaviors also indicate processes that ensure collective or social functioning. The identity of the characters is imaginarily extended by the social types they represent (or from which they deviate); it also contains its self-defining values. As for space, it is that which holds or gives way to the fictional games in which the films participate. Historical, social and imaginary figures form the relief of that surface. The films also invite us to consider certain “concepts”, including identity, otherness, persona-tisation and hospitality (which presuppose a relationship to oneself and to others, a theme that permeates Poland and other countries), romanticism and positivism (paradigms that can be transformed by historical events and works of art that interpret them), manifestation (Offenbarkeit) and mutuality (which suggest ways to renew in fiction homosexual desire outside narrower fields), actuality and virtuality (relations of identity to truth and falsehood, to authenticity and feint), and so on. These concepts guide our readings of the films and of their figures. In addition, “themes”, motifs or, as Pierre Sorlin wrote, “fixation points” emerge from the films: nature and city, virility and masculinity, nudity and eroticism, heterosexual relationship, family, religion and faith, community, communication. On the whole, a certain tradition of Polish cinema seems to continue to bear fruit: this cinema remains, through the “small” contemporary narratives, a privileged way of re-examining certain ideological certitudes.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28392
Date24 April 2018
CreatorsLaverdière, Gabriel
ContributorsRoy, Lucie
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (x, 424 pages), application/pdf
CoveragePologne, 21e siècle
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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