L’Aquitaine du haut Moyen Âge est un espace qui a longtemps pâti d’une mauvaise réputation historiographique. Pourtant, de nombreux travaux récents continuent à supposer l’existence d’une forte identité dans les territoires du sud de la Loire, sans chercher à explorer le paradoxe résultant de ces deux conclusions. Analyser ce paradoxe, et tenter de le résoudre, constitue un des objectifs de cette étude. Prenant comme référence géographique initiale l’ancien royaume carolingien d’Aquitaine, ce travail restreindra éventuellement cette zone d’étude sur la base de critères ayant essentiellement trait à l’histoire des mentalités. Nous postulons que l’Aquitaine se trouve là où l’on se sent aquitain au haut Moyen Âge. La période considérée (VIIIe-XIIe siècles) s’étend du début des temps carolingiens à la fin de la relative autonomie de l’Aquitaine à l’égard des souverains capétiens puis plantagenêts. À cette époque, les moines sont les principaux écrivains de l’histoire, et nos investigations porteront sur leurs œuvres historiographiques. Ce travail consiste donc essentiellement en l’étude des Chroniques, Annales et Histoires monastiques écrites dans le royaume carolingien d’Aquitaine et le duché qui lui a succédé. L’objectif de la recherche est de déterminer comment l’information circule entre les établissements monastiques, quelles sont les méthodes et les sources des moines férus d’histoire, aussi bien pour relater des faits anciens que des événements plus récents. « Composer avec le passé » est toutefois le propre de l’historien, c’est pourquoi une plus grande attention sera prêtée aux œuvres dépassant le cadre de « l’histoire immédiate » pour s’attacher à relater une « geste des origines ». L’étude est structurée en trois grandes sections chronologiques : le temps du royaume carolingien d’Aquitaine, où l’activité historiographique est très polarisée autour du monastère d’Aniane, centre de la réforme ; le temps de l’apparition puis de l’essor d’une nouvelle Aquitaine « indépendante », jusqu’à la mort du duc Guillaume V, dit « le Grand » († 1030), où les centres historiographiques renaissants se situent plus au nord (Angoulême, Limoges) ; et enfin l’époque d’apogée de la principauté, jusqu’au premier mariage d’Aliénor d’Aquitaine (1137), dont la plus belle réalisation historiographique, la Chronique de Saint-Maixent, prend naissance dans un monastère situé à seulement une cinquantaine de kilomètres de la capitale ducale de Poitiers. / The Aquitaine of the Early Middle Ages has long suffered from a bad historiographical reputation. However, numerous recent works have pointed out the existence of a strong sense of identity in the territories situated south of the Loire, without trying to explore the paradox implied by those conflicting viewpoints. Analyzing this paradox and trying to solve it is one of the main goals of this research. Taking as our initial geographical reference the ancient Carolingian kingdom of Aquitaine, this work will occasionally narrow this area of study according to criteria related to the history of mentalities. We assume that Aquitaine is where one felt one was an Aquitanian during the Early Middle Ages. The period studied (eighth – twelfth centuries) spans the field from the beginning of Carolingian times to the end of the relative autonomy of Aquitaine from the Capetian then the Plantagenet rulers. In those times, monks were the main writers of history, and our investigation will be restricted to their historical works. Our dissertation mainly deals with monastic Chronicles, Annals and Histories written within the Carolingian kingdom of Aquitaine and the duchy that succeeded it. The purpose of this research is to determine how the information travelled between the monasteries, and to find out the sources and methods used by monastic historians in order to report ancient facts as well as more recent ones. “Dealing with the past” is nonetheless proper to the historian ; this is why a more accurate attention will be paid to works that fall outside the scope of “immediate history” and are mainly concerned with the “quest for origins”. This study is divided into three chronological parts : the times of the Carolingian kingdom of Aquitaine, during which historiographical activity was very much focused around the monastery of Aniane, centre of the reform ; the times of the rise and then of the development of a new “independent” Aquitaine, until the death of Duke William V, called “the Great” († 1030), when the reviving historiographical centres were located further north (Angoulême, Limoges) ; and finally the zenith of the principality (up to Eleanor of Aquitaine’s first wedding in 1137) whose greatest historiographical achievement, the Chronicle of Saint-Maixent, was born in a monastery situated only thirty miles away from the ducal capital of Poitiers.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015LIMO0049 |
Date | 04 June 2015 |
Creators | Bellarbre, Julien |
Contributors | Limoges, Depreux, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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