Comment faire un travail scientifique si le chercheur est déjà trop obsédé par son objet d’étude et si, d’ailleurs, ce dernier n’est pas seulement un objet réifié mais doté d’une certaine réalité de l’âme ? La distance délicate entre le subjectif et l’objectif est ainsi l’enjeu principal de cette thèse, une recherche dont le chercheur est un cinéphage devenu cinéphile, qui est hanté par sa passion pour son objet bien vivant qu’est le cinéma de Wong Kar Wai mais qui a envie de vivre symboliquement cette passion. Il s’agit donc de l’équation personnelle d’après C. G. Jung et de cette distance ironique selon Antoine de Baecque. Vis-à-vis d’une telle difficulté méthodologique qui est en fait une occasion très généreuse, une approche empirique et une attitude religieuse se proposent. D’où le chercheur-cinéphile se lance dans un itinéraire homérique, à la recherche de son mythe du cinéma total qui n’est rien d’autre que son archétype du cinéma dont le symbole vivant se veut exactement Wong Kar Wai. Cette recherche devient, au fur et à mesure, une découverte, vu que la nostalgie n’est pas ailleurs, mais chez soi. Dans une telle circumambulation sous la forme d’une mise en abîme, le rapprochement entre une histoire du cinéma et une Histoire du cinéma n’est qu’inéluctable. Re-contextualisés sont les souvenirs personnels du chercheur du cinéaste hongkongais et plusieurs protagonistes rencontrés dans sa cinéphilie (Bresson, King Hu, Langlois, Bazin, Tarkovski, la bande de Truffaut, Dumont, etc.) sur la route et envisageable est une filiation toujours en devenir entre ce qui arrive avant et ce qui vient après. Que ces pages soient une scène de la création-critique et que la fonction cinéphile se manifeste à travers elle. / How to conduct a scientific work if the researcher is himself already incurably obsessed by his study material? This question fits in quite well for the present case, since the PhD student is an inveterate lover of Wong Kar Wai’s cinema. In other words, the situation is that of a cinephage-turned-cinephile — extremely conditioned by a living work inescapably defined by an amorous aura — who is trying to find a way out, in a relatively rational way, that is to say, symbolically, to deal with this entanglement as mise en abyme. Two methodological as well as deontological perspectives are thus drawn on, “the personal equation” adapted by C. G. Jung and “the ironic distance” coined by Antoine de Baecque. Hopefully, the writing of this dissertation could be regarded as a circumambulation whose goal is nothing more than its very process which is a nostalgic yearning for the cinema archetype, or, in terms of André Bazin’s idea(l): the myth of total cinema.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA100055 |
Date | 04 July 2018 |
Creators | Tsai, Wen-Sheng |
Contributors | Paris 10, Baecque, Antoine de |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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