L’ascension du mouvement socialiste européen sous la direction de la Deuxième Internationale au tournant du siècle et son éclatement avec le déclenchement de la guerre de 1914 constitue un problème historique persistant. La contradiction saute aux yeux. Voilà un mouvement qui se revendiquait fermement de « l’internationalisme prolétarien », mais qui, au moment venu de le mettre en œuvre, affirma la nécessité de la « défense nationale ». Les formes concrètes de cette contradiction sont éclaircies par une étude de l’impact de la montée de l’impérialisme sur l’internationalisme des socialistes français et allemands durant la période précédant la guerre, du congrès de Londres de 1896 jusqu’à la résolution de la crise d’Agadir en 1912.
La Deuxième Internationale est un mouvement dont les formes organisationnelles et pratiques sont ancrées dans un cadre national, alors que ses conceptions fondamentales sont celles de l’internationalisme. L’impérialisme renforce cette contradiction, et devient à la fois la source d’une concrétisation de l’internationalisme socialiste en théorie, et de son abandon en pratique. Privilégiant l’analyse de l’internationalisme comme un phénomène politique plutôt que culturel ou sentimental, ce travail démontre l’existence d’un gouffre entre le discours théorique et la pratique du mouvement. La montée de l’impérialisme est accompagnée de la montée du réformisme au sein du mouvement socialiste, qui, avec d’autres phénomènes, renforce ses tendances nationales. Les tendances nationales du mouvement persistent lors de moments clés, notamment les crises impérialistes de Tanger (1905) et d’Agadir (1911), au point de remettre en question les fondements internationalistes du mouvement. / The rise of the European socialist movement under the leadership of the Second International at the turn of the century and its breakup with the outbreak of the 1914 war is a persistent historical problem. The contradiction is obvious. Here was a movement that firmly proclaimed "proletarian internationalism", but which, when the time came to implement it, affirmed the necessity of "national defense". The concrete forms of this contradiction are illuminated by a study of the impact of the rise of imperialism on the internationalism of French and German socialists in the period leading up to the war, from the London Congress of 1896 to the resolution of the Agadir crisis in 1912.
The Second International is a movement whose organizational and practical forms are rooted in a national framework, while its fundamental conceptions are those of internationalism. Imperialism reinforces this contradiction, and becomes at the same time the source of a concretization of socialist internationalism in theory, and of its abandonment in practice. Emphasizing the analysis of internationalism as a political rather than a cultural or sentimental phenomenon, this work demonstrates the existence of a chasm between the theoretical discourse and the practice of the movement. The rise of imperialism is accompanied by the rise of reformism within the socialist movement, which, along with other phenomena, reinforces its national tendencies. The national tendencies of the movement persisted at key moments, notably the imperialist crises of Tangier (1905) and Agadir (1911), to the point of calling into question the internationalist foundations of the movement.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27468 |
Date | 04 1900 |
Creators | Soucy, Louis-Félix |
Contributors | Saul, Samir |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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