Cette thèse commence comme une simple question en réponse au modèle du « parfait flâneur » que Baudelaire a élaboré dans Le peintre de la vie moderne (1853): un flâneur peut-il être imparfait? Je suggère trois interprétations possibles du mot « imparfait ». Il permet d’abord de sortir le flâneur du strict contexte du Paris du dix-neuvième siècle et permet des traductions imparfaites de personnages dans d’autres contextes. Ensuite, le flâneur déambule dans la dimension « imparfaite » de l’imagination fictionnelle – une dimension comparable à l’image anamorphique du crâne dans la peinture Les ambassadeurs de Holbein. Enfin, il réfère à l’imparfait conjugué, « l’imparfait flâneur » peut rappeler le personnage antihéroïque de l’humain dont l’existence est banale et inachevée, comme la phrase « il y avait ». Ces trois visions contribuent à la réinterprétation du flâneur dans le contexte de la fin du vingtième siècle. Mon hypothèse est que l’expérience urbaine du flâneur et la flânerie ne sont possibles que si l’on admet être imparfait(e), qu’on accepte ses imperfections et qu’elles ne nous surprennent pas.
Quatre études de romans contemporains et de leurs villes respectives forment les principaux chapitres. Le premier étudie Montréal dans City of forgetting de Robert Majzels. J’examine les façons par lesquelles les personnages itinérants peuvent être considérés comme occupant (ou en échec d’occupation) du Montréal contemporain alors qu’ils sont eux-mêmes délogés. Quant au deuxième chapitre, il se concentre sur le Bombay de Rohinton Mistry dans A fine balance. Mon étude portera ici sur la question de l’hospitalité en relation à l’hébergement et au « dé-hébergement » des étrangers dans la ville. Le troisième chapitre nous amène à Hong-Kong avec la série Feituzhen de XiXi. Dans celle-ci, j’estime que la méthode spéciale de la marelle apparait comme une forme unique de flânerie imparfaite. Le quatrième chapitre étudie Istanbul à travers The black book d’Orhan Pamuk. Inspiré par les notions de « commencement » d’Edward Saïd, mon argumentaire est construit à partir de l’interrogation suivante : comment et quand commence une narration? En lieu de conclusion, j’ai imaginé une conversation entre l’auteur de cette thèse et les personnages de flâneurs imparfaits présents dans les différents chapitres. / This dissertation begins with a simple question in response to “the perfect flâneur” model that Baudelaire elaborated in his 1853 essay “The Painter of Modern Life”: can a flâneur be imperfect? I suggest three possible inferences behind the word “imperfect.” First, it should liberate the flâneur from the strict context of nineteenth-century Paris, and allows for imperfect translations of the figure into other urban contexts. Second, the flâneur also strolls in the “imperfect” dimension of fictional imagination, a dimension comparable to the anamorphic skull in Holbein’s painting The Ambassadors. Third, in the grammatical meaning of imperfect verb tenses, “imperfect flâneur” can also refer to the anti-heroic figure of the living, whose existence remains incomplete and mundane as in the phrase “it was.” All three implications contribute to the reinterpretation of the flâneur in late twentieth-century contexts. My premise is that to experience the city as a flâneur, or to make flânerie possible in the city, one should concede being imperfect, anticipate imperfections, and come to terms with them.
Four in-depth studies of contemporary novels and their respective cities constitute the main chapters. Chapter One reads Robert Majzels’s City of Forgetting and Montreal. I examine the ways in which homeless characters could be said to occupy – or, fail to occupy – contemporary Montreal from their dislodged position. Chapter Two focuses on Rohinton Mistry’s A Fine Balance and Bombay. My reading evolves around the question of hospitality in relation to the accommodation and un-accommodation of strangers in the city. Chapter Three brings us to XiXi’s Feituzhen series and Hong Kong: I address the special method of hopscotching as a unique form of imperfect flânerie in XiXi’s works. In Chapter Four, I study Orhan Pamuk’s The Black Book and Istanbul. Inspired by Edward Said’s notions of beginning, I frame my argument with the enquiry: how and when does a narrative begin? In lieu of Conclusion, I imagined a conversation between the writing subject of this dissertation and the imperfect flâneurs featured in each chapter.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/13608 |
Date | 08 1900 |
Creators | Ng, Simon Yiu-Tsan |
Contributors | Schwartzwald, Robert |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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