Ce mémoire s’intéresse à l’expérience du travail à la pige chez les technicien·ne·s en cinéma et télévision au Québec. Dans un contexte de transformations de l’industrie audiovisuelle, de discours sur la dégradation des conditions de travail dans ce secteur et de mutation générale des rapports de travail, nous tentons de saisir la façon dont ces travailleur·se·s particulièrement atypiques et invisibles vivent leur métier et leur statut. Plus précisément, nous documentons l’expérience concrète et quotidienne de la précarité d’emploi qui est souvent associée à ce milieu et proposons un ancrage empirique à ce concept.
Pour ce faire, nous avons réalisé dix entretiens semi-dirigés avec des technicien·ne·s de différents corps de métier. À partir de l’idéaltype d’intégration professionnelle et du concept de rapport au travail et à l’emploi développés par Paugam (2000), nous analysons ce corpus et observons deux types d’intégration propices à l’émergence de formes diverses de précarité : l’intégration « incertaine » et « laborieuse », qui témoignent de rapports ambivalents à plusieurs aspects du travail et de l’emploi. Ces constats informent sur le contenu possible de la précarité qui est généralement associée à l’emploi atypique. Dans une deuxième portion d’analyse, nous révélons une série de stratégies individuelles de gestion de la précarité, mettant en relief l’importance des réseaux de relations et la diversification des activités dans le contrôle de l’instabilité d’emploi. On note à cet égard une tendance à la responsabilisation individuelle face aux risques du travail précaire, qui ne sont que partiellement absorbés par la protection sociale étatique et syndicale.
Au terme de ces analyses, nous proposons des pistes de réflexion sur les liens qui unissent la hausse du travail atypique et le travail précaire en audiovisuel. Les transformations du rôle de l’État et la construction d’une nouvelle rationalité néolibérale sont mobilisées pour éclairer notre exploration de l’expérience individuelle et de l’organisation du travail en cinéma et télévision. / This thesis examines the experience of freelance work among film and television technicians in
Quebec. In a context of transformation of audiovisual industry, of speeches on the deterioration of
its working conditions and a constantly changing world of work, we propose an analysis of the
reality of these particularly atypical and invisible workers. More specifically, we focus on their
concrete and daily experience of job precarity which is often associated with this industry,
proposing an empirical base to this concept.
To this end, we interviewed ten audiovisual workers from diverse technical departments. Firstly,
based on the concepts of professional integration « ideal type » and « relationship to work and
employment » developed by Paugam (2000), we analyze this corpus and observe two types of
professional integration: the « uncertains » and the « laborious », which inform on the different
forms of precarity and shows the ambivalence toward it. Secondly, we present various individual
strategies developed by these workers to deal with precarity, pointing out the importance of
networks and diversification of economic activities in the job instability control. In that regard, we
note a trend toward individual accountability and responsibility for the risks of precarious
employment, which are partly absorbed by state and union protection.
To conclude, we share a few thoughts on the links between flexible and atypical work and precarity
in the audiovisual industry. We explore the transformation of the state’s role and the rise of a
neoliberal rationality in light of the individual experience and work organization in film and
television industry.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27125 |
Date | 02 1900 |
Creators | Paré, Jeanne |
Contributors | Noiseux, Yanick |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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