Au début des années 1990, au terme d’une décennie de guerres internes, le Salvador et le Nicaragua ont été les théâtres d’une multiplication sans précédent d’associations de développement et d’ONG humanitaires. Provenant des anciennes mouvances révolutionnaires du Front sandiniste de libération nationale au Nicaragua et du Front Farabundo Martí pour la libération nationale au Salvador, ces organisations nouvelles ont été le signe de l’apparition d’un militantisme professionnel et technicisé proche de « l’humanitaire-expert » et en rupture avec les engagements politico-militaires qui avaient jusqu’alors dominé les scènes militantes centraméricaines. Comment dès lors comprendre l’émergence de ces phénomènes associatifs ? Nés à la croisée de bouleversements sociaux et politiques majeurs, entre la fin des guerres, l’effondrement des gestes révolutionnaires et l’avènement de régimes démocratiques, ces faits associatifs ont d’abord été le fruit d’une conversion de leurs dirigeants. Anciens cadres révolutionnaires du parti-État sandiniste et des guérillas salvadoriennes, ceux-ci occupaient en effet déjà à la fin des années 1980 la tête des mouvances associatives du Front sandiniste et du Front Farabundo Martí. Or c’est là, au sein de ces nébuleuses, que ces acteurs se sont saisis de schèmes humanitaires nouveaux et de registres managériaux, entraînant dans leur sillage « l’ONGisation » de leurs organisations et l’investissement de causes féministes, indigénistes ou environnementalistes. De sorte que l’histoire de ces associations et de leur émergence est l’histoire de cette conversion. D’où le choix de ce travail de retracer le parcours de ces militants depuis leur basculement dans la lutte armée et les organisations révolutionnaires jusqu’à leur conversion à l’humanitaire-expert et leur insertion dans le monde des ONG. Ce faisant, ce travail met en résonance plusieurs analyses. Une réflexion d’abord sur les modalités de basculement dans la violence armée et d’incorporation aux organisations de guérillas. Une réflexion ensuite sur les logiques de conversion politique et de reconversion professionnelle des acteurs politico-militaires. Une réflexion enfin sur la naissance des milieux associatifs et la constitution de carrières militantes. Et au travers de ces analyses se dessine in fine une enquête plus générale sur la nature même des phénomènes associatifs au Salvador et au Nicaragua, leurs usages et leurs fonctions, et montrent le rôle de « supports » sociaux et politiques qu’ils jouent aujourd’hui dans les nouvelles démocraties centraméricaines. / At the beginning of the 1990s and after a decade of internal wars, El Salvador and Nicaragua were the stages of an unprecedented growth of development’s organizations and humanitarian NGOs. Originating from the former revolutionary movements of Sandinista National Liberation Front in Nicaragua and from Farabundo Marti National Front in El Salvador, those new organizations were a sign of professional technologized militancy close to « expert humanitarian work » but also breaking with the military-political commitments which had preponderated over the Central American activist scene so far. How then can we understand the emergence of those voluntary phenomena? Resulting from major social and political disruptions, as well as the end of wars, the collapsing of revolutionary actions and the advent of democratic regimes, those voluntary actions first started with the conversion of their leaders. As former revolutionary officers of the Sandinista state-party and of the Salvadorian guerrillas, by the end of the 1980s those were already heads of the non-profit movements of Sandinista Front and Farabundo Marti Front. Yet this is in the middle of this political maze that those leaders seized upon a new humanitarian framework as well as managerial repertories, bringing in their wake the « NGOzation » of their organizations and their commitment to the feminist as well as indigenist and environmentalist causes. In this way, the history of the emergence of those organizations is actually the history of that conversion. Hence the choice that has been made to work on recounting the activists’ paths from the moment they turned into an armed conflict and revolutionary organizations to their actual conversion into expert humanitarian work and the world of NGOs. In order to do this work several analyses have been compared; first, a reflection about the ways and means of their changeover into armed violence and their enlistments in guerrillas’ organizations; then a thought about the mindset of political conversion and the career change of the military-political leaders; then finally a reflection about the birth of the non-profit domain and the development of activists’ careers. And so, through these analyses appears a more general study on the true nature of voluntary phenomena in El Salvador and Nicaragua, and on their practices and functions, that shows the roles they play as social, political supports in the new Central American democracies nowadays.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLEH075 |
Date | 29 June 2018 |
Creators | Moallic, Benjamín |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Bataillon, Gilles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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