Le présent travail a pour objectif de comprendre les modes de gouvernement des jeunes délinquants spécifiques aux réponses pénales dites « en milieu ouvert ». Cette problématique a été abordée à travers l’analyse d’un dispositif institutionnel particulier, la mesure de Liberté Assistée (Liberdade Assistida), telle qu’elle est mise en œuvre dans deux métropoles brésiliennes (Rio de Janeiro et Belo Horizonte). L’enquête a pris pour objet les pratiques des professionnels en situation, leur inscription dans un univers urbain et institutionnel plus large, ainsi que les interactions avec les jeunes soumis à la mesure de Liberté Assistée. Les analyses montrent que ce type de dispositif de gouvernement repose sur des instruments de normalisation et de contrôle spécifiques, condensés au sein des échanges verbaux entre jeunes et professionnels (incitations à la réflexivité, exigences de justification et menaces). La conformité des jeunes aux attentes institutionnelles dépend donc essentiellement de leur capacité à produire un discours intelligible et cohérent aux yeux de l’institution. La mesure de Liberté Assistée déploie par ailleurs une surveillance discontinue, souvent déléguée à d’autres acteurs et institutions, voire aux jeunes eux-mêmes, qui se voient alors enjoints à faire preuve d’autocontrôle au quotidien. Nos analyses soulignent enfin le caractère individualisé et négociable du contrôle exercé par la mesure : les jeunes qui répondent aux attentes institutionnelles sont en effet soumis à des formes de contrôle plus continues – mais aussi plus négociées – tandis que les jeunes récalcitrants se voient soumis à un contrôle plus ponctuel mais aussi plus vertical et répressif. / This research aims to understand the features of the government of juvenile delinquency specific to non-custodial sentences. Our work tackles these questions through the analysis of a particular institution, the Assisted Freedom program (Liberdade Assistida), in two different Brazilian cities (Rio de Janeiro and Belo Horizonte). The investigation focuses on the professional practices, how they take place in a broader urban and institutional context, and the interactions with the young offenders submitted to the program. Our analysis shows that this kind of institutional apparatus rests upon specific instruments of normalization and control, enacted in the verbal interactions between youths and professionals (promotion of reflexivity, demands of justification, threats). The youths’ compliance with institutional expectations therefore depends on their ability to produce an understandable and coherent discourse in the eyes of the institution. Moreover, surveillance in the Assisted Freedom program is discontinuous, often delegated to other actors and institutions and to the young offenders themselves, who are required to exercise self-control in their daily lives. Lastly, our analysis shows that control is individualized and negotiable: control over the youths who meet institutional expectations is more continuous, but also more negotiable, while the most recalcitrant young people will experience more sporadic but also more repressive forms of control.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014LIL12014 |
Date | 21 November 2014 |
Creators | Bugnon, Géraldine |
Contributors | Lille 1, Université de Genève, Duprez, Dominique, Cattacin, Sandro |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French, Portuguese |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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