Ce travail se donne pour but d'éclairer, à partir d’un corpus mêlant écrits d’anthropologues et d’écrivains, la reconfiguration de leurs rapports dans la seconde moitié du XXe siècle. Il part du constat que le dialogue noué au temps des avant-gardes et du « surréalisme ethnographique » n'a pas pris fin avec l'achèvement du processus de professionnalisation de l'ethnologie, mais s'en est trouvé relancé, sur des bases plus clairement définies. Notre étude prend pour objet plusieurs volumes de la collection « Terre humaine » – G. Balandier, G. Condominas, P. Clastres –, ainsi que les travaux de J. Favret-Saada et d'Y. Verdier, en considérant les différentes pratiques d'écriture et les échanges intellectuels dans lesquels ils prennent sens. Elle s'attache par ailleurs aux œuvres d'écrivains pour qui l’anthropologie a représenté un stimulant scripturaire – R. Barthes et G. Perec –, un réservoir de lectures et de pratiques à détourner – J.-L. Trassard, P. Bergounioux, P. Quignard, G. Macé – dans un paysage intellectuel où l'anthropologie, désormais bien implantée, offre matière à des prolongements méditatifs ou mémoriels. On considère enfin la figure de l’anthropologue telle qu’elle a pu être ressaisie par la fiction : ce qu’elle révèle de l’imaginaire qui entoure les vies savantes, comme de la répartition des prérogatives entre écrivains et savants. L'horizon général de cette thèse est de montrer que les pratiques d'écriture non académiques des anthropologues comme celles des écrivains curieux d'anthropologie représentent dans la seconde moitié du XXe siècle une forme de résistance de fait à l'autonomisation de l'esthétique comme à l'attribution d'une fonction de connaissance à la seule expertise scientifique. / This work based on the analysis of a mixed corpus of texts aims to shed light on the evolution of relationships between anthropologists and writers in the second half of the 20th century. The initial observation is that the dialogue initiated between these two fields during the avant-gardes and “ethnographic surrealism” did not end with the professionalisation of anthropology. On the contrary, this professionalisation helped relaunch a dialogue on better defined grounds. Our study focuses on several books from the “Terre humaine” collection (G. Balandier, G. Condominas, P. Clastres), as well as works by J. Favret-Saada and Y. Verdier. It takes into consideration their writing techniques and the intellectual backgrounds in which these works took shape. It also focuses on the works of writers for which anthropology has been an important source of inspiration, such as R. Barthes and G. Perec, or appears to be a reservoir of readings and practices to reinvent or play with, (J.-L. Trassard, P. Bergounioux, P. Quignard, G. Macé). In this intellectual landscape, anthropology, which is now well implanted, provides material for meditative or memory work. Lastly, our focus shifted to the study of the ways in which the anthropologist constitutes a new fictional character: in many ways, this reveals a particular imagination of scholarly lives as well as the distribution of prerogatives between writers and scholars. This dissertation aims to prove that the non-scholarly writings of anthropologists, alongside the works of writers curious about anthropology, represent a form of resistance against aesthetic autonomisation and the attribution of knowledge solely to scientific expertise.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSE2155 |
Date | 08 December 2017 |
Creators | Devevey, Eléonore |
Contributors | Lyon, Université de Genève, Demanze, Laurent, Debaene, Vincent |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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