La recherche se fonde sur un corpus de six romans de l'écrivain martiniquais Edouard Glissant, dont la parution s'échelonne sur près de quatre décennies, de 1958 à 1993 : La Lézarde, Le Quatrième siècle, Malemort, La Case du commandeur, Mahagony et Toutmonde. Elle se propose de montrer que dans et par son œuvre, Glissant s'est livré à ce que nous considérons comme une véritable refondation du monde, avec la volonté d'édifier quelque chose de grand et d'atteindre à une vérité. La boulimie scripturale soutient chez l'écrivain l'idée d'édifier une énorme construction et d'y intégrer un matériau multiforme, fait parfois des éléments les plus imprévus ou les plus contestables. Écrivain de tous les paradoxes, Edouard Glissant inventorie le réel antillais. Parti d'une revendication nationaliste avec La Lézarde qui a obtenu le Renaudot, l'écrivain s'efforce, dans Le Quatrième siècle, d'inventer à partir d'une grande fiction généalogique, les mythes fondateurs et les légendes de la Nation qu'il vient de créer. Mais, cette œuvre qui s'écrit subit les tribulations de l'itinéraire de son créateur. Après le bilan romancé que Glissant dresse dans Mahagony, il décide de réorienter les axes de son œuvre, d'abord vers le bassin caraïbe, puis dans le sens du tout-monde. Il apparaît donc que l'Histoire est bien là, et que cette histoire hante la fiction glissantienne. Le monde créé se présente donc comme déterministe, ou surdéterminé. Il est celui de la traite négrière, de l'esclavage et de la départementalisation, ainsi que de la volonté de mettre fin à des notions de centre et de périphérie. On rappellera que l'œuvre romanesque donne constamment le relais à l'essai et à la poésie. Ainsi conçue, l'œuvre de Glissant est une puissante et extraordinaire machine à produire du sens, de la représentation et de la fiction. Aussi l'écrivain ne se contente-t-il pas de proposer qu'il créé comme offrande à son lecteur. Par une batterie de stratégies discursives, expression qui référera autant que possible à la fois au texte et à son contexte de production, Glissant s'efforce d'imposer à son lecteur le sens et l'ordre du monde nouveau. Ainsi, le titre, les épigraphes, Pintertextualité, la mise en abyme, le métatexte, viennent parasiter le roman, paralysant la lecture critique et dictant au lecteur le propre commentaire de l'auteur sur son œuvre. L'analyse rigoureuse des ouvrages montrera que cette entreprise solitaire et laborieuse se retraduit significativement en projet grandiose et mégalomaniaque. À l'intérieur de la formule romanesque qu'il inaugure, il recycle des éléments traités par les uns et les autres, depuis une certaine emphase lyrique et symbolique jusqu'aux rebondissements merveilleux inspirés du conte.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/18216 |
Date | 11 April 2018 |
Creators | Colin-Thébaudeau, Katell |
Contributors | Bisanswa, Justin Kalulu |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | viii, 308 f., application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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