Pourquoi certaines armes disparaissent des champs de bataille tandis que d’autres ne cessent d’y être déployées? Afin de répondre à cette question, notre travail entreprend d’analyser sous un angle inédit l’influence du droit de la guerre (jus in bello) dans le choix des acteurs (gouvernements et militaires) d’utiliser une arme plutôt qu’une autre. Plus précisément, il s’attache à démontrer que les perceptions collectives de ce que proscrit ou autorise le droit de la guerre concernant les conditions d’utilisation des armes (conceptualisées sous le nom de meta-norme du « combattre justement ») est décisif dans la manière qu’ont les acteurs d’appréhender, évaluer et utiliser leur armement. A travers l’analyse des trajectoires de trois armes différentes (armes chimiques, armes incendiaires et drones de combat) fondée sur des données objectives, archives et sources secondaires, nous démontrons que chacun des pics significatifs de l’utilisation de ces armes s’explique aussi par des changements importants dans les perceptions collectives du « combattre justement ». Ainsi, les acteurs cessent d’utiliser leurs armes, ou prétendent cesser, quand ils ne parviennent plus à justifier et démontrer que leur utilisation s’accorde avec leurs perceptions collectives du « combattre justement », et vice versa. In fine, notre travail démontre que la guerre demeure un processus de justification continu, et, parce que les perceptions du combattre justement forment le socle de ces justifications, elles sont décisives pour comprendre le choix des pratiques de guerre. En second lieu, parce que les perceptions collectives du combattre justement sont décisives pour comprendre les pratiques de guerre, notre travail s’intéresse à leur formation. Il démontre que les acteurs sont plus enclins à imposer leur propre perception comme étant la plus légitime lorsque leur argumentaire perpétue un ordre symbolique dominant et ne révèle pas les fondamentales contradictions inhérentes au droit de la guerre. Ainsi, notre travail propose d’analyser sous un nouvel angle l’impact du droit de la guerre, mais aussi celui des argumentaires et des symboles dans les pratiques de guerre. / The dissertation investigates why certain weapons continue, or cease to be employed on the battlefields. Employing an interpretivist perspective, it investigates an aspect largely overlooked by the extant literature: the impact of the meta-norm of 'fighting justly' on actors' weapons utilizations. The meta-norm of fighting justly is defined as the collective preconceptions shared by actors, on how and when the extant laws of war (jus in bello) either ban or allow weapons utilization. My work reveals that the significant shift in the utilization of three weapons (chemical weapons, incendiary weapons and unmanned aerial vehicles) can be explained by shifts in the dominant perceptions of the meta-norm of fighting justly. It is when actors believe that they cannot justify their weapons utilization with regards to their own meta-norm of fighting justly, that they decrease (or pretend to decrease by hiding) this utilization, or vice versa. In fine, when engaged in a war, militaries and states constantly seek to justify their actions, and the basis of these justifications is their understanding of the meta-norm of fighting justly. Because the meta-norm of fighting justly impacts on weapons variations, it is crucial to understand who shapes the norm, at the international level. My work reveals that states are engaged in a constant argument, where they defend, articulate and promote their own conception of fighting justly. In this 'battle for legitimacy', states are more likely to enshrine their own conception as the most legitimate one, under two conditions: namely, when their argument does not disrupt the extant symbolic order, and when it does not foster the inherent contradictions of the laws of war. Ultimately, this work aims to shed new light on how the laws of war influence practices of war. It also explores and provides new insights into the 'logic of arguing' and into the symbolic power in international relations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015IEPP0052 |
Date | 15 June 2015 |
Creators | Guillaume, Marine |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Columbia university (New York), Colonomos, Ariel, Doyle, Michael W. |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English, French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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