Cette thèse se propose d’explorer les rapports entre enfance et sentiment poétique pour considérer la manière dont l’impression enfantine peut se faire le modèle, en filigrane, d’une esthétique narrative moderne. Un corpus composé de récits de Pierre Loti, Marcel Proust, Colette, Virginia Woolf et Katherine Mansfield permet d’analyser l’inscription fictionnelle de personnages enfants pour montrer la similitude de caractéristiques supposément enfantines et de traits relevant d’une certaine conception du récit moderne, au tournant des XIXe et XXe siècles : le primat de la subjectivité, une pénétration du texte par le sentiment poétique et une esthétique de la discontinuité cristallisant le récit sur des moments privilégiés. L’analyse convoque également des représentations de l’enfant, tant scientifiques que littéraires, du XVIIIe au XXe siècle. Les écrits des premiers psychologues de l’enfance, les textes romantiques mettant en scène des enfants poètes, et l’affirmation baudelairienne qui fait du génie une « enfance retrouvée » sont interrogés pour mettre au jour les conceptions fantasmatiques de l’enfant implicitement activées par les auteurs de ces récits. La croyance et l’imagination proverbiales de l’enfant, la supposée authenticité d’un âge proche des origines, sont autant de projections utopiques que charrie la littérature, et que cautionnent, dans une certaine mesure, les pensées philosophiques et scientifiques jusqu’au premier tiers du XXe siècle. Cette étude sonde les sources et les enjeux de ces représentations pour comprendre ce qui les motive et explorer leurs résonances avec certaines modalités d’écriture, entre poésie, mysticisme et impressionnisme. / This thesis explores the relationship between childhood and poetical feeling to consider how childhood impressions can implicitly model a modern narrative aesthetics. A corpus of narratives by Pierre Loti, Marcel Proust, Colette, Virginia Woolf and Katherine Mansfield serves to analyse the fictional inscription of child characters and show the likeness between allegedly childish characteristics and traits related to a certain conception of the modern narrative, at the corner of the 19th and 20th centuries. Among these characteristics : the predominance of subjectivity, a poetical feeling pervading the text, and a discontinuous narrative focusing on moments of being. The analysis summons both literary and scientific representations of the child, from 18th to 20th century. It convokes the theories of the first child-psychologists along with Romantic texts figuring child poets and questions the premise, according to Baudelaire, that genius is based on « childhood recovered ». In doing so it means to shed light on the phantasmatic conceptions of the child implicitly activated by the authors of these narratives. The child’s proverbial imagination and credulity, the presumed authenticity of an age closer to origins are as many utopic projections conveyed by literature and cautioned, to a certain point, by philosophic and scientific thoughts until the first third of the 20th century. This study examines their sources and their stakes to understand what accounts for them and to investigate their resonance with certain writing dimensions, such as poetry, mysticism and impressionism.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040188 |
Date | 20 November 2015 |
Creators | Pfister, Alice |
Contributors | Paris 4, Gély, Véronique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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