Cette thèse porte sur les choix de l’école secondaire par des parents immigrants dans le contexte montréalais pour leurs enfants. Elle analyse la façon ils perçoivent le marché scolaire. Elle examine également les logiques d’action, contraintes (réelles ou perçues) et stratégies qui sont au cœur des choix. Elle vise aussi à mettre en lumière les défis et les besoins spécifiques de choisir l’école en contexte migratoire. Pour ce faire, le cadre d’analyse mobilisé conçoit les choix comme le résultat de l’articulation de déterminants individuels et familiaux et d’effets structurels. Il reconnaît aussi que les parents immigrants sont insérés dans des relations familiales et des réseaux sociaux et inscrits dans différentes positions sociales.
Plaçant les acteurs sociaux et le sens qu’ils donnent à leurs choix au centre de l’analyse, cette thèse s’inscrit dans une sociologie compréhensive. Les analyses se basent sur trente entrevues semi-dirigées réalisées auprès de parents immigrants de Montréal ayant au moins un enfant fréquentant une école secondaire. Cette thèse illustre que les parents immigrants se positionnent différemment envers le marché scolaire montréalais et vivent diverses expériences. Ces différences s’expliqueraient par des positions sociales distinctes, des valeurs et des visées différentes, des trajectoires de vie diverses, etc. Malgré cela, la thèse met de l’avant l’existence de tendances fortes traversant le corpus. Certaines se rapportent aux effets de l’expérience migratoire sur les choix et à des positions sociales minorisées.
D’abord, la majorité a une représentation négative des programmes réguliers au public, les poussant à les éviter. Cette perception est, entre autres, influencée par la présence d’un discours dans l’espace public en défaveur de ces programmes. Ensuite, malgré des positionnements distincts relativement au marché scolaire montréalais, la majorité a choisi l’école secondaire pour des visées de reproduction ou de mobilité sociale ascendante (choix stratégiques). Un sentiment d’impératif caractérise les choix stratégiques, notamment afin d’augmenter les chances que le projet migratoire soit un succès. Certains appartenant à des communautés ethnoculturelles racisées ressentent davantage cet impératif afin de contrer une discrimination systémique perçue sur le marché de l’emploi. Enfin, l’analyse révèle la présence d’un sentiment de méconnaissance du système éducatif du Québec, attribué à l’expérience migratoire, plaçant les parents immigrants devant des défis et des besoins spécifiques en matière de choix de l’école secondaire. Étant proactifs, la plupart ont réduit cette méconnaissance perçue grâce à la détention d’un capital scolaire de niveau universitaire, mais aussi à leurs réseaux sociaux locaux. Or, les parents immigrants sont inégalement informés, mettant en lumière un enjeu relatif à l’équité devant la possibilité de choisir l’école secondaire. La thèse soulève la question du rôle du système éducatif dans cette iniquité.
La thèse contribue à l’avancement des connaissances sur les dynamiques à l’œuvre dans le marché scolaire montréalais, ainsi que des effets des modes de régulation du système éducatif québécois les inégalités sociales. Elle contribue également à l’avancement des connaissances sur les rapports des personnes immigrantes au système éducatif du Québec, et à la société québécoise. / This thesis examines immigrant parents’ choice of a high school for their children in Montreal. It analyzes how they perceive Montreal’s school market, and examines the logics of action, constraints (real or perceived) and strategies at the heart of their choices. It also aims to shed light on the challenges and specific needs associated with choosing a school in the host country. The analytical framework mobilized conceives choices as the result of the articulation of individual, familial and structural determinants. It also recognizes that immigrant parents evolve within family contexts and social networks and hold various social positions.
Rooted in an interpretative sociology, social actors and the meaning of their choices are placed at the center of the analysis. The analyses are based on data from thirty semi-structured interviews conducted with immigrant parents from Montreal who have at least one child attending a high school. This thesis illustrates that immigrant parents position themselves differently towards Montreal’s school market and have different experiences. These differences are the result of different social positions, values, goals, life trajectories, etc. However, general trends are uncovered in the corpus. Some of these relate to the experience of being an immigrant and/or belonging to a marginalized or racialized group.
First, the majority of respondents have a negative perception of regular programs in the public sector, which leads them to avoid these. This perception is partially influenced by the presence in the public space of an unfavorable discourse regarding these programs. Next, despite different positioning towards Montreal’s school market, the majority choose a high school to ensure the reproduction of their social status or to achieve upward mobility (strategic choices). A sense of urgency surrounds these strategic choices, notably in regard to increasing the chances that the migration project is a success. Immigrant parents belonging to a marginalized or racialized group feel this urgency more strongly due to perceived systemic discrimination in the labour market. Finally, the analysis reveals feelings of disorientation in relation to Quebec’s education system, which respondents attributed to their experience as immigrants. These feelings leave immigrant parents facing specific challenges and needs in terms of choosing a high school in the context of Montreal. Because they are proactive in collecting information about high schools and their programs, most can reduce their feelings of disorientation and unfamiliarity. The possession of a university-level diploma is helpful in this process, as are parents’ local social networks. Nonetheless, the analyses show that immigrant parents are unequally informed, highlighting inequalities in the possibility of choosing a high school. This thesis raises the possible role of the education system in the creation of these inequities.
This thesis contributes to the advancement of knowledge on the dynamics at play in Montreal’s school market, as well as on the effects of the structure of Quebec’s educational system on social inequalities. It also contributes to the advancement of knowledge on immigrants’ relationship to Quebec’s educational system and to Quebec’s society more broadly.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25392 |
Date | 08 1900 |
Creators | Grenier, Véronique |
Contributors | Magnan, Marie-Odile |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | English |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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