Ce travail de recherche porte sur la grammatisation du vietnamien. Nous avons étudié les ouvrages grammaticaux, composés en latin puis en français, par des missionnaires de diverses congrégations, des administrateurs coloniaux et des grammairiens vietnamiens et français entre 1651 et 1919. L’objectif était de montrer dans un premier temps comment le modèle de la grammaire latine opère dans cette grammatographie, en mettant l’accent sur les spécificités de la langue vietnamienne, telles que les auteurs les ont dégagées. Nous avons mis en évidence, dans un deuxième temps, les conditions, les formes et les effets de la transition du modèle latin vers le modèle français dans la description de la langue et en particulier l’évolution de la conception des parties du discours pendant toute la période considérée.Cette thèse porte aussi sur la création de l’écriture romanisée du vietnamien (quốc ngữ) et sur l’histoire des conceptions linguistiques qui la sous-tendent. Nous avons cherché à comprendre selon quelle logique les missionnaires jésuites des premières générations ont transcrit le vietnamien en ayant recours à l’alphabet du latin et à celui des langues romanes. Nous avons retracé l’évolution de cette écriture. L’étude des manuscrits écrits en vietnamien romanisé nous a aussi permis de faire l’histoire des changements du système consonantique vietnamien depuis le 17e jusqu’au début du 20e siècle. Nous avons montré également quels facteurs religieux, culturels et politiques ont pesé sur cette histoire. L’étude des rapports adressés à leurs supérieurs par les jésuites (à partir de 1615) et par les pères des Missions Étrangères de Paris (à partir de 1663) nous a permis de mettre en lumière le rôle de cette écriture, d’abord comme moyen d’apprentissage destiné aux prêtres étrangers, puis comme moyen de communication entre les missionnaires et les prêtres autochtones. Enfin, nous avons étudié les débats relatifs aux systèmes d’écriture et les choix qu’ils ont entraînés, s’agissant de la politique linguistique menée par l’administration coloniale française en Cochinchine et au Tonkin. Le quốc ngữ est introduit dans l’enseignement en 1861 ; il est ensuite promu écriture officielle et remplace les sinogrammes chez les lettrés et dans les actes administratifs ou juridiques après l’abolition des concours de recrutement des mandarins en 1919. / This research focuses on the “grammatization” of Vietnamese language. We have studied grammatical works, composed in Latin and then in French, by missionaries of various congregations, colonial administrators and Vietnamese grammarians between 1651 and 1919. The objective was to show first how the model of Latin grammar operates in this grammatography, focusing on the specificities of the Vietnamese language, as identified by the missionaries. We have then reviewed the grammars written in Latin and French in order to highlight the effects of the transition from the Latin to the French model in the description of the language and in particular the evolution of the conception of the parts of the discourse in the grammatical works throughout the period under consideration.This thesis focuses on the development of Vietnamese Romanized writing (quốc ngữ) and the history of the linguistic conceptions that underlie it, as well. We have tried to understand the logic that the pioneer Jesuit missionaries to Vietnam had used to transcribe the language and to explain their choice of spellings to record Vietnamese. We trace the stages of creation of this script and the evolution of spelling. Furthermore, the study of the manuscripts written in Romanized Vietnamese allows us to study the changes in the consonant system of Vietnamese from the Seventeenth Century to the early Twentieth Century. We also show the religious, political and cultural factors that have influenced all that history. The study of the relationship between the Jesuits (from 1615 onwards) and French missionaries (from 1663 onwards) highlights the changing role of the Romanized writing from a means of learning for foreign priests to a means of communication between missionaries and native priests. Finally, we examine the role played by debates on writing systems and the choices they have led to, in terms of the language policy pursued by the French colonial administration. Quốc ngữ was introduced into elementary education in 1861 and then promoted to the status of official writing, replacing Chinese characters after the abolition of the mandarin recruitment exams in 1919.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCA122 |
Date | 21 November 2018 |
Creators | Pham, Thi Kieu Ly |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Savatovsky, Dan, Lê Thi, Xuyên |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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