Le concept de littérature nationale s’est développé de façon concomitante avec le concept d’État-nation en Europe à partir de la fin du XVIIIe siècle. L’État-nation est rendu possible en partie par la littérature qui agit, par un discours culturel, comme un vecteur déterminant permettant à une telle communauté de s’imaginer. L’institutionnalisation de la littérature sert alors d’outil aux pouvoirs et aux élites en place dans le double objectif d’asseoir leur dominance et de créer un sentiment d’identité nationale, non sans une certaine violence : une partie de la diversité culturelle évoluant à l’intérieur de la juridiction de l’État-nation est sacrifiée au profit de l’unité. Les premiers nationalismes modernes se développent en Europe dans un climat de rivalité : c’est en opposant sa propre culture à celle des États environnants que l’on cherche à définir son identité. L’objectif de notre thèse est d’étudier le rôle de l’écrivain contemporain dans la formation d’une littérature permettant à une communauté, cette fois mondiale, de s’imaginer. Nous analysons l’œuvre romanesque de J.-M.G. Le Clézio afin de dégager les stratégies mises en place qui permettent aux différents peuples du monde d’éprouver le sentiment d’appartenir à un groupe global dépassant les frontières de la nation tout en conservant la spécificité que chacun est en droit de revendiquer. Ainsi, le roman leclézien s’inscrit à plusieurs égards dans la tradition goethéenne de la Weltliteratur, qui se fait le pendant des littératures nationales : la littérature mondiale devient à son tour instrument devant promouvoir une identité et une unité, à la différence que ces dernières se vivent désormais dans la diversité assumée et dans un rapport lucide de relation plutôt que dans la rivalité. / The concept of national literature evolved in 18th century’s Europe at the same time as the concept of nation-states. As a matter of fact, nation-states were in part made possible by literature, which acts, because of the cultural discourse it conveys, as a key vector that enables communities to imagine themselves. The institutionalization of literature served as a powerful tool for the leaders and elites of each community. They used it to establish their dominance and create a sense of national identity. This institutionalization was often conducted with a certain violence, that is, by sacrificing—for the benefit of unity—part of the cultural diversity that was flourishing inside the nation-state’s borders. Moreover, modern nationalism was born in Europe in a climate of rivalry: it is by opposing one’s own culture to that of one’s neighbours that one sought to define one’s own identity. The objective of our thesis is to study the role of the contemporary writer in the creation of a literature whose objective is, this time, to allow the world’s global community to imagine itself. We analyze the novels of J.-M.G. Le Clézio to identify the strategies he uses to allow the world’s different nations to feel they belong to a global group while preserving the specificity they are entitled to claim. Le Clézio’s novels fit in several respects in the Goethian notion of Weltliteratur, that of a literature that’s a counterpart of national literatures. That world literature then becomes an instrument to promote a new identity and unity in a world where diversity is now valued and lucid relationships have replaced rivalry.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCA015 |
Date | 26 January 2018 |
Creators | Paradis Dufour, Julien |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, André, Sylvie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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