Des transgressions du genre apparaissent dans les brochures libertaires. Le masculin et le féminin y sont chambardés et ces modifications apportées à la langue font éclore un nouveau générique, dépassant le masculin générique. Les rapports entre l’opposition particulier/général et le genre vont montrer que ce dernier est à la fois grammatical, sémantique et social. Mais cette multidimensionnalité du genre doit être complétée par la construction du genre en discours, en tant que lieu d’articulation du pouvoir. Et dès lors que l’on agit par la langue sur des rapports de pouvoir, on se situe dans le champ de la rhétorique. C’est elle qui nous permettra de mettre en lumière les arguments qui sous-tendent ces modifications subversives et de pouvoir saisir en quoi les irrégularités les façonnent idéologiquement, dans un rapport complexe à la norme faisant émerger une micro-politique linguistique autogérée non-prescriptive. Ces perturbations émergent à la frontière entre féminisme et anarchisme, dans un féminisme qui prend le discours comme lieu de lutte et un anarchisme non-programmatique, dont les brochures sont depuis longtemps un support privilégié. Mais cela n’est pas encore suffisant pour épuiser ce que recèle cette subversion linguistique du genre et il est nécessaire de partir à la rencontre de ce qu’en disent les locuteurs qui la pratiquent pour tenter de comprendre dans quels paysages politiques peut advenir cette pratique langagière. Au travers des croisements sémantiques entre politique, genre et langage, on voit se dégager une réticularité qui combine hétérogénéité et partage de prémisses, où le rejet de l’institution et le caractère fondamentalement politique du genre, donc non-essentiel, sont associés pour placer cette perturbation linguistique dans une démarche émancipatrice. / Transgressions of gender appear, in French language, in anarchist pamphlets, turning masculine and feminine upside down and leading the way to the emergence of a new generic class, beyond the generic masculine. The relationship between the general/particular opposition and gender shows that gender has grammatical, semantic and social features. However, it is also necessary to focus on the way gender is constructed in discourse, as a space where power is articulated. Acting on power relations by using language thus places this action in a rhetorical realm. It is precisely this rhetorical approach which allows us to highlight the arguments for such a subversive changes and to understand how irregularities could turn into ideological strategies, happening in a complex relationship with the norm. These processes form a type of self-managed, non-prescriptive micro-level language planning. Such an upheaval emerges at the crossroads between feminism and anarchism – a feminism which sees discourse as a site of struggle, and a non-programmatic anarchism, for which the brochures have long been a privileged medium. Nevertheless, this is not yet enough to have a complete view of this subversive language practice. The discourse of those who employ such a linguistic disturbance is also needed in order to understand in which political landscapes it occurs. At the semantic junction between politics, gender and language, networks emerge, combining heterogeneity and shared premises. The bases of these premises are a rejection of institutions, and a political reading of gender, which assumes a refusal of essentialism. Together, these premises postulate that linguistic perturbation is an emancipating process.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011AIX10120 |
Date | 05 November 2011 |
Creators | Abbou, Julie |
Contributors | Aix-Marseille 1, Douay-Soublin, Françoise |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0028 seconds