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La construction du sens dans les expositions muséales. Études de cas à Chicago et à Paris

Dans cette thèse, j'ai montré les processus de négociation identitaire, les discours hégémoniques et les structures du sentiment qui opèrent au sein des expositions qui traitent le multiculturalisme et le métissage. J'ai étudié des expositions produites par des musées nationaux en France et aux États-Unis. Mes études de cas ont été développées au Musée National d'Art Mexicain de Chicago et au Musée du quai Branly à Paris entre 2006 et 2009. Mon analyse montre les processus qui interviennent dans la mise en scène d'un discours muséal complexe. L'étude place au centre de ses hypothèses trois dimensions initiales qui participent à la construction du sens dans les expositions : a) la production du sens, b) la circulation ou distribution du sens et c) la réalisation ou appropriation du sens. Dans la première partie de ma thèse, j'ai exploré les catégories de "sens et signification" à partir d'une approche philosophique. J'ai discuté la généalogie de ces notions avant de développer une approche culturaliste, notamment à partir de la théorie d'Antonio Gramsci, de Stuart Hall et de Raymond Williams, pour qui la signification n'est pas une donnée en soi mais une construction qui se développe à partir des luttes sociales, politiques et symboliques qui cherchent à contrôler les représentations et les croyances. Cette compréhension de la culture, en tant qu'espace de lutte d'interprétations, a ouvert la voie aux analyses de pouvoir et de discours au sein de l'univers muséal. J'ai développé les définitions de culture, occident, hégémonie, idéologies, intellectuelles et structures de sentiment afin de définir le cadre conceptuel qui sert de base théorique pour mes études de cas. Ensuite, j'ai présenté une étude minutieuse sur les origines et le développement des musées, du patrimoine et de la nation. Enfin, j'ai montré les débats contemporains en études culturelles des musées, les approches critiques et anthropologiques et l'importance de développer des études de cas concrètes à partir de cette discipline. La deuxième partie de la thèse présente la méthodologie employée ainsi que les études de cas. J'ai souligné l'importance de la transdisciplinarité comme méthode privilégiée pour l'analyse ainsi que les méthodologies employées pour l'étude des expositions : l'observation à l'intérieur et à l'extérieur du musée, la saisie des témoignages et des entretiens, l'usage des questionnaires et des formulaires. La sélection des musées et des expositions a été réalisée en fonction de la thématique des expositions et pas en fonction des collections ou des objets exposés. J'ai cherché à analyser des musées qui entretenaient un rapport hégémonique avec les sujets de l'exposition. Ceci afin de questionner les transferts culturels, les identités contemporaines en tension ou en conflit, et la cohabitation symbolique des sentiments d'appartenance. Aux États-Unis, j'ai analysé les expositions du Musée National d'Art Mexicain (NMMA) de Chicago. Les expositions étudiées furent : "La Mexicanidad" et "La présence de l'Afrique au Mexique". À Paris, j'ai analysé l'exposition Planète métisse produite par le Musée du quai Branly (MQB). Afin de comprendre la construction du sens des expositions, j'ai interrogé la communauté de production (directeurs, commissaires, comités et collectifs qui ont participé), la médiation et les messages à partir des artistes ou à partir de la propre mise en scène des objets d'exposition. Enfin, j'ai travaillé auprès d'une communauté d'interprètes afin de privilégier une analyse des discours en contexte et pas une méthode purement spéculative. Le résultat de mes analyses montre que les musées étudiés disposent des spécialistes qui légitiment scientifiquement la mise en scène discursive d'expositions, et que la fabrication ou production des sujets d'expositions est liée à des conjonctures politiques particulières. En effet, ces musées ont produit des expositions "engagées" en défendant une dimension culturelle et anthropologique. Avec ce geste, ils transformaient la muséographie classique de l'institution muséale. Par exemple, le NMMA de Chicago n'a pas seulement exposé des objets d'art. Il a sans nul doute proposé un discours de répercussion politique afin de démonter les frontières de race et d'ethnicité. À Paris, le MQB a exposé l'historicité du métissage planétaire. De cette manière, l'exposition interrogeait les discours sur l'identité nationale française, et contribuait au débat autour de la stigmatisation de la migration contemporaine. J'ai démontré, que la façon de sélectionner, d'identifier, de différencier, de hiérarchiser et d'exposer les objets, reflète des nouvelles pratiques culturelles, parfois innovatrices et même post-coloniales. Finalement, l'analyse sur le regard de la communauté des interprètes a fourni les résultats les plus originaux de ma recherche. J'ai montré que quand le visiteur parcourt l'exposition, il établit un accord plus ou moins harmonieux entre lui et le discours de l'institution. Si le visiteur "interroge" le sens de l'exposition, il le fait à partir des structures du sentiment qui dévoilent les identités ou liens d'appartenances des individus. En effet, dans mes études de cas, les expositions abordaient de manière explicite les problématiques concernant les différences culturelles et les identités. Cela amenait le visiteur à se situer à partir d'une circonstance individuelle précise, soit par rapport à sa nationalité, son origine, son genre ou son appartenance à une culture.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00655492
Date07 June 2011
CreatorsCristina, Castellano
PublisherUniversité Panthéon-Sorbonne - Paris I
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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