Le travail de thèse entreprend une reconstruction critique de la philosophie politique de Leo Strauss (1899-1973) en partant de ses écrits de jeunesse allemands, replacés dans leur contexte politique et philosophique d’émergence et particulièrement dans les mouvements de la « renaissance juive » des années 1920. Au lieu de comparer son œuvre à celle d’autres grands classiques de la philosophie politique du XXe siècle ou d’analyser ces textes de jeunesse à la lumière de sa réception aux États-Unis, où lui et ses disciples sont souvent associés au mouvement néoconservateur américain, il s’agit ici de voir comment son positionnement politico-philosophique spécifique se construit dans la confrontation au « dilemme théologico-politique » dans lequel la pensée juive-allemande est prise face à la radicalisation de l’antisémitisme allemand pendant et après la Première Guerre Mondiale : judaïsme national ou judaïsme religieux ? Dans ses premiers écrits des années 1920, Strauss transforme cette opposition en celle entre Lumières et orthodoxie, entre athéisme et théisme, opposition qu’il ne cessera de vouloir dépasser à travers la construction d’un « athéisme biblique ». Nous montrons que ce n’est cependant que dans les années 1930, après son « tournant platonicien », que Strauss trouvera, par l’intermédiaire d’une nouvelle interprétation de Maïmonide, sa solution au « dilemme théologico-politique », sur des bases philosophiques pré-modernes. Avec le retour à ces Lumières platoniciennes, Strauss tente d’harmoniser Lumières et anti-Lumières, la défense du rationalisme et la justification d’un ordre théologico-politique autoritaire, projet paradoxal qui forme le cœur de son néoconservatisme philosophique. / My thesis undertakes a critical reconstruction of the political philosophy of Leo Strauss (1899-1973) on the basis of his early writings, which I contextualize in the political and philosophical frame of the Weimar Republic and the “German-Jewish Renaissance” of the 1920s. My main hypothesis is that his concept of ”political philosophy” emerges from a confrontation with the “theological-political dilemma” that German-Jewish thought faced after the First World War, the radicalization of German Anti-Semitism and the problem of being torn between national and religious Judaism. I argue that in his early writings of the 1920s, Strauss transforms this dilemma into the opposition between Enlightenment and orthodoxy, atheism and theism that he tries to overcome in the form of an “biblical atheism”. In the 1930s, after his “Platonic turn”, Strauss finds another solution to the “dilemma”, now on pre-modern philosophical grounds, through a new interpretation of Maimonides. With the return to this “platonic” Enlightenment, Strauss tries to harmonize anti-Enlightenment and Enlightenment, pre-modern rationalism and the justification of authoritarian theological-political order. My argument ist that this paradoxical project is the core of his philosophical neo-conservatism.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA040015 |
Date | 19 February 2016 |
Creators | Quélennec, Bruno |
Contributors | Paris 4, Europa-Universität Viadrina (Francfort-sur-l'Oder, Allemagne), Raulet, Gérard, Haverkamp, Anselm |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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